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pour entraîner les Achéens dans son alliance, et s’était habilement attiré la bienveillance des Grecs. Eumène II, roi de Pergame, qui redoutait comme son père, Attale Ier, les empiètements de la Macédoine, dénonça à Rome l’infraction aux anciens traités. La crainte que lui inspirait un prince puissant, et la reconnaissance qu’il devait à la République pour l’agrandissement de ses États après la guerre d’Asie, l’obligeaient à cultiver l’amitié du peuple romain. En 582, il vint à Rome, et, reçu avec honneur par le sénat, il n’oublia rien pour l’animer contre Persée, qu’il accusa de projets ambitieux et hostiles à la République. Cette dénonciation attira à Eumène de violentes inimitiés. En retournant dans ses États, il fut assailli par des assassins et grièvement blessé. Des soupçons se portèrent, non sans vraisemblance, sur le monarque macédonien ; ils suffirent à la République pour déclarer la guerre à un prince dont la puissance commençait à lui faire ombrage.

Audacieux dans ses projets, Persée se montrait pusillanime lorsqu’il fallait agir. Après avoir d’abord rejeté avec hauteur les réclamations des Romains, il attendit en Thessalie leur armée, qui, mal commandée, mal organisée, fut battue par ses lieutenants et rejetée dans des gorges où elle aurait pu être facilement détruite. Il offrit alors la paix à P. Licinius Crassus ; mais, malgré son échec, le consul répondit, avec toute la fermeté du caractère romain, que la paix n’était possible que si Persée abandonnait sa personne et son royaume à la discrétion du sénat[1]. Frappé de tant d’assurance, le roi rappela ses troupes et laissa l’ennemi opérer tranquillement sa retraite. Cependant l’incapacité des généraux romains, leurs violences et l’indiscipline des soldats avaient aliéné les Grecs, qui devaient naturellement préférer un prince de leur race à un capitaine étranger ; ils

  1. Tite-Live, XLII, lxii.