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impatientes de la domination achéenne, avaient bientôt cherché à s’en affranchir. Ainsi se réalisait la prédiction de Philippe, qui, après la bataille de Cynoscéphales, déclarait aux envoyés thessaliens que les Romains se repentiraient bientôt d’avoir donné la liberté à des peuples incapables d’en jouir, et dont les dissensions et les jalousies entretiendraient sans cesse une agitation dangereuse[1]. En effet, Sparte et Messène s’étaient insurgées et avaient réclamé l’appui de Rome. Philopœmen, après avoir cruellement puni la première de ces villes, succomba dans sa lutte avec la seconde. L’anarchie et la guerre civile déchiraient la Thessalie et l’Étolie.

Pendant que la République était occupée à rétablir le calme dans ces contrées, un nouvel adversaire vint imprudemment s’attirer son courroux. On dirait qu’en suscitant à Rome un si grand nombre d’ennemis, la fortune se plaisait à les lui livrer l’un après l’autre. La vieille légende d’Horace tuant successivement les trois Curiaces était un enseignement que le sénat semblait n’avoir jamais oublié.

Persée, héritier de la couronne et des rancunes de son père, avait profité de la paix pour augmenter son armée et ses ressources, se créer des alliés et soulever contre Rome les rois et les peuples de l’Orient. Outre la population belliqueuse de son pays, il disposait de peuples barbares tels que les Illyriens, les Thraces et les Bastarnes, habitant non loin du Danube. Malgré le traité qui interdisait à la Macédoine de faire la guerre sans l’aveu du sénat, Persée s’était agrandi silencieusement du côté de la Thrace, il avait placé des garnisons dans les villes maritimes d’Ænos et de Maronée, excité à la guerre les Dardaniens[2], soumis les Dolopes, et s’était avancé jusqu’à Delphes[3]. Il faisait des efforts

  1. Tite-Live, XXXIX, xxvi.
  2. Tite-Live, XLI, xix.
  3. Tite-Live, XLI, xxii.