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la jouissance de la liberté, de leurs lois et de leurs immunités, les Corinthiens, les Phocéens, les Locriens, l’île d’Eubée, les Magnètes, les Thessaliens, les Perrhèbes et les Achéens de la Phthiotide. C’était le nom de toutes les nations qui avaient été sous la domination de Philippe. À cette proclamation, l’assemblée pensa succomber sous l’excès de sa joie. Personne ne croyait avoir bien entendu. Les Grecs se regardent les uns les autres, comme s’ils étaient encore dans les illusions d’un songe agréable que le réveil va dissiper ; et, se défiant du témoignage de leurs oreilles, ils demandaient à leurs voisins s’ils ne s’abusaient point. Le héraut est rappelé, chacun brûlant, non-seulement d’entendre, mais de voir le messager d’une si heureuse nouvelle ; il fait une seconde lecture du décret. Alors, ne pouvant plus douter de leur bonheur, ils poussent des cris de joie et donnent à leur libérateur des applaudissements si vifs et tellement répétés, qu’il était aisé de voir que, de tous les biens, la liberté est celui qui a le plus de charme pour la multitude. Les jeux furent ensuite célébrés, mais à la hâte, sans attirer ni les regards, ni l’attention des spectateurs. Un seul intérêt absorbait leur âme entière et leur ôtait le sentiment de tous les autres plaisirs.

Les jeux finis, on se précipite vers le général romain : chacun s’empresse de l’aborder, de lui prendre la main, de lui jeter des couronnes de fleurs et de rubans, et la foule fut si grande qu’il pensa être étouffé. Mais il n’avait encore que trente-trois ans, et la vigueur de l’âge, jointe à l’ivresse d’une gloire si éclatante, lui donna la force de résister à une pareille épreuve. La joie des peuples ne se borna pas à l’enthousiasme du moment : l’impression s’en prolongea longtemps encore dans la pensée et dans la conversation. Il était donc, disait-on, une nation sur la terre qui, a ses frais, au prix des fatigues et des périls, faisait la guerre pour la liberté de peuples même éloignés de ses