Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/186

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

curies ne consistait plus que dans de vaines formalités[1]. Leurs attributions, restreintes de jour en jour, se réduisaient à conférer l’imperium, et à décider les questions concernant les auspices et la religion. Les comices par centuries, qui dès l’origine étaient la réunion du peuple armé votant au Champ de Mars et nommant ses chefs militaires, gardaient les mêmes privilèges ; seulement la centurie était devenue une subdivision de la tribu. Tous les citoyens inscrits dans chacune des trente-cinq tribus étaient répartis en cinq classes, toujours suivant leur fortune ; chaque classe se divisait en deux centuries, l’une de jeunes gens (juniores), l’autre d’hommes plus âgés (seniores).

Quant aux comices par tribus, où chacun votait sans distinction de rang ni de fortune, leur compétence législative n’avait cessé de s’accroître à mesure que celle des comices par centuries diminuait.

Ainsi les institutions romaines, tout en paraissant rester les mêmes, se transformaient insensiblement. Les assemblées politiques, les lois des Douze Tables, les classes établies par Servius Tullius, l’annualité des fonctions, le service militaire, le tribunat, l’édilité, tout semblait subsister comme par le passé, et, en réalité, tout avait changé par la force des choses ; néanmoins, c’était un avantage des mœurs romaines que cette apparence d’immobilité au milieu

  1. L’ancien mode de division par curies avait perdu toute signification et cessé d’être en usage. (Ovide, Fastes, II, vers 531.) Aussi Cicéron dit-il à leur sujet : « Des comices, que ne se tiennent que pour la forme, à cause des auspices, et qui, figurés par les trente licteurs, ne sont qu’une représentation de ce qui se faisait autrefois. Ad speciem atque usurpationem vetustatis. » (Discours sur la loi agraire, II, xii.) Dans les derniers temps de la République, les curies n’avaient plus, en fait d’élection des magistrats, que l’inauguration des flamines, du roi des sacrifices (rex sacrificulus), et vraisemblablement le choix du grand curion (curio maximus). (Tite-Live, XXVII, viii. — Denys d’Halicarnasse, V, i. — Aulu-Gelle, XV, xxvii. — Tite-Live, XXVII, vi, 36.