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dépouilles que Marcellus rapporta de la Sicile, et surtout de Syracuse, avaient développé le goût des arts, et ce consul se vantait d’avoir, le premier, fait apprécier et admirer à ses compatriotes les chefs-d’œuvre de la Grèce[1]. Les jeux du cirque, dès le milieu du vie siècle, commençaient à être davantage en faveur. Junius et Decius Brutus avaient, en 490, fait combattre pour la première fois des gladiateurs, dont le nombre fut porté bientôt jusqu’à vingt-deux paires[2]. Vers cette époque aussi (559), eurent lieu des représentations théâtrales données par les édiles[3]. L’esprit de spéculation avait gagné les hautes classes, comme l’indique la défense faite aux sénateurs (loi Claudia, 536) d’entretenir sur mer des bâtiments d’un tonnage de plus de trois cents amphores ; les chevaliers, composant la classe qui payait le plus d’impôts, s’étaient accrus en nombre avec la richesse publique, et tendaient à se diviser en deux catégories, les uns servant dans la cavalerie et possédant le cheval de l’État (equus publicus)[4], les autres se livrant au commerce et aux opérations financières. Depuis longtemps les chevaliers étaient employés à des missions civiles[5] et souvent appelés à de hautes magistratures ; aussi Persée les appelait-il avec raison « la pépinière du sénat et la jeune noblesse d’où sortaient les consuls et les généraux (imperatores)[6]. » Pendant les guerres puniques, ils avaient rendu de grands services en faisant des avances considérables pour approvisionner les armées[7], et si quelques-uns, comme entrepreneurs de transports, s’étaient enrichis aux dépens de

  1. Plutarque, Marcellus, xxviii.
  2. Tite-Live, XXIII, xxx.
  3. Tite-Live, XXXIV, liv.
  4. « Et equites romanos, milites et negotiatores. » (Salluste, Jugurtha, lxv.)
  5. « En 342, un sénateur et deux chevaliers furent chargés, pendant une disette, de l’approvisionnement de Rome. » (Tite-Live, IV, iii.)
  6. Seminarium senatus. (Tite-Live, XLII, lxi.)
  7. Tite-Live, XXIII, xlix. — Valère Maxime, V, vi, 8.