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Rome maintint sur pied, tant que dura la seconde guerre punique, de seize à vingt-trois légions[1], recrutées seulement dans la ville et le Latium[2] ; or ces vingt-trois légions représentaient un effectif d’environ 100 000 hommes, chiffre qui ne paraîtra pas exagéré si on le compare au recensement de 534, s’élevant à 270 213 hommes et ne comprenant que les personnes en état de porter les armes. (Voyez p. 230.)

La treizième année de la guerre, les chances tournèrent en faveur de la République. P. Cornelius Scipion, fils du consul battu à la Trebia, venait de chasser les Carthaginois de l’Espagne. Le peuple, devinant son génie, lui avait conféré, six ans auparavant, les pouvoirs de proconsul, malgré ses vingt-quatre ans. De retour à Rome, Scipion, nommé consul (549), passa en Sicile, de là en Afrique, où, après une campagne de deux ans, il défit Annibal dans les plaines de Zama, et contraignit la rivale de Rome à demander la paix (552). Le sénat accorda au vainqueur le plus grand honneur qu’une république puisse conférer à un de ses citoyens : elle s’en remit à lui pour dicter les conditions aux vaincus. Carthage fut réduite à livrer ses vaisseaux, ses éléphants, à payer 10 000 talents (58 millions de francs) ; enfin, à prendre l’engagement honteux de ne plus faire la guerre sans l’autorisation de Rome.


Résultats de la deuxième guerre punique.

VI. La seconde guerre punique avait amené la soumission de Carthage et de l’Espagne, mais c’était au prix de pénibles sacrifices. Pendant cette lutte de seize années, un grand

  1. En 540, Rome eut sur pied dix-huit légions ; en 541, vingt légions ; en 542 et 543, vingt trois légions ; en 544 et 546, vingt et une ; en 547, vingt-trois ; en 551, vingt ; en 552, seize ; en 553, quatorze ; en 554, le nombre est réduit à six. (Tite-Live, XXIV, xi-xliv ; XXV, iii ; XXVI, i, xxviii ; XXVII, xxii, xxxvi ; XXX, ii, xxvii, xli ; XXXI, viii.)
  2. « Les Romains ne prenaient leur infanterie et leur cavalerie que dans Rome ou dans le Latium. » (Tite-Live, XXII, xxxvii.)