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l’Espagne et d’en chasser les Carthaginois. Mais, sans attendre l’issue des négociations, Annibal était en pleine marche pour transporter la guerre en Italie. Tantôt traitant avec les peuplades celtibériennes ou gauloises afin d’obtenir un passage sur leur territoire, tantôt les intimidant par ses armes, il avait atteint les bords du Rhône, lorsque le consul chargé de conquérir l’Espagne, P. Cornelius Scipion, débarqué près de l’embouchure orientale de ce fleuve, apprit qu’Annibal était déjà engagé dans les Alpes. Il laisse alors son armée à son frère Cnæus, retourne promptement à Pise, se met à la tête des troupes destinées à combattre les Boïens, traverse le Pô avec elles, espérant par ce mouvement rapide surprendre le général carthaginois au moment où, fatigué et affaibli, il déboucherait dans les plaines de l’Italie.

Les deux armées se rencontrèrent au bord du Tessin (536). Scipion, battu et blessé, se replia sur la colonie de Plaisance. Rejoint aux environs de cette ville par son collègue Tib. Sempronius Longus, il offrit de nouveau, sur la Trebia, la bataille aux Carthaginois. Une victoire éclatante mit Annibal en possession d’une grande partie de la Ligurie et de la Gaule cisalpine, dont les peuplades belliqueuses l’accueillirent avec enthousiasme et renforcèrent son armée, réduite, après le passage des monts, à moins de 30 000 hommes. Flatté de l’accueil des Gaulois, le général carthaginois voulut gagner aussi les Italiotes, et, s’annonçant comme le libérateur des peuples opprimés, il eut soin, après la victoire, de renvoyer libres tous les prisonniers faits sur les alliés. Il espérait que ces captifs délivrés deviendraient pour lui d’utiles émissaires. Au printemps de 537, il entra en Étrurie, traversa les marais du Val di Chiana, et, attirant l’armée romaine près du lac de Trasimène, dans des lieux défavorables, la détruisit presque tout entière.