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exerçait la régence. Ce fait seul révèle des mœurs absolument étrangères à la civilisation hellénique et romaine. Un chef de Pharos (Lésina), nommé Demetrius, à la solde de Teuta, occupait en fief l’île de Corcyre la Noire (aujourd’hui Curzola) et remplissait les fonctions de premier ministre. Les Romains n’eurent pas de peine à le gagner ; d’ailleurs les Illyriens fournirent une cause légitime de guerre en assassinant un ambassadeur de la République[1]. Aussitôt le sénat envoya une armée et une flotte pour les réduire (525). Demetrius livra son île, qui servit de base d’opérations pour s’emparer d’Apollonie, de Dyrrachium, de Nutria et d’une grande partie de la côte. Après quelques mois de résistance, les Illyriens se soumirent, s’engagèrent à renoncer à la piraterie, cédèrent quelques ports, et consentirent à donner Demetrius, l’allié des Romains, pour tuteur à leur roi[2].

Cette expédition valut à la République une grande popularité dans toute la Grèce ; les Athéniens, et la ligue Achéenne surtout, furent prodigues de remercîments, et commencèrent dès lors à considérer les Romains comme des protecteurs contre leurs dangereux voisins, les rois de Macédoine. Quant aux Illyriens, la leçon qu’ils avaient reçue ne suffit pas pour les corriger de leurs habitudes de piraterie. Dix ans plus tard, une autre expédition dut aller châtier les Istriens au fond de l’Adriatique[3], et, bientôt après, la désobéissance de Demetrius aux ordres du sénat ramena la guerre en Illyrie. Il fut forcé de se réfugier auprès de Philippe de Macédoine, tandis que le jeune roi devenait l’allié ou le sujet de la République[4]. Pendant ce temps une nouvelle guerre attirait l’attention des Romains.

  1. Florus, II, v. — Appien, Guerres d’Illyrie, vii.
  2. Polybe, II, xi et suiv.
  3. Tite-Live, Epitome, XX, an de Rome 533. — Orose, IV, xiii.
  4. Polybe, III, xvi et suiv.