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CHAPITRE CINQUIÈME.

GUERRES PUNIQUES, DE MACÉDOINE ET D’ASIE.

(De 488 à 621.)

Comparaison entre Rome et Carthage.

I. Rome, ayant étendu sa domination jusqu’à l’extrémité méridionale de l’Italie, se trouva en face d’une puissance qui, par la force des choses, allait devenir sa rivale.

Carthage, située sur la côte africaine la plus rapprochée de la Sicile, n’en était séparée que par le canal de Malte, qui partage en deux le grand bassin de la Méditerranée. Elle avait, depuis plus de deux siècles, conclu, à différentes reprises, des traités avec Rome, et, imprévoyante de l’avenir, félicité le sénat toutes les fois qu’il avait remporté de grands avantages sur les Étrusques ou les Samnites.

La supériorité de Carthage au commencement des guerres puniques était évidente ; la constitution des deux cités faisait néanmoins prévoir laquelle en définitive devait l’emporter. Une aristocratie puissante régnait chez l’une et chez l’autre, mais à Rome les nobles, sans cesse confondus avec le peuple, donnaient l’exemple du patriotisme et de toutes les vertus civiques, tandis qu’à Carthage les premières familles, enrichies par le commerce, amollies par un luxe effréné, formaient une caste égoïste et avide, distincte du reste des citoyens. À Rome, l’unique mobile était la gloire, la principale occupation la guerre, le premier devoir le service militaire ; à Carthage, on sacrifiait tout à l’intérêt, au commerce, et la défense de la patrie était, comme un fardeau insupportable, abandonnée à des mercenaires. Aussi, après une défaite, l’armée, à Carthage, se recomposait avec peine ;