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tués, pris ou vendus[1]. Le nombre de ces derniers fut si considérable, que l’expression Sardes à vendre (Sardi venales) devint proverbiale[2]. La Sardaigne, qui ne compte aujourd’hui que 544 000 habitants, en possédait alors au moins un million. La quantité des céréales, le nombre des troupeaux, faisaient de cette île le second grenier de Carthage[3]. L’avidité des Romains l’épuisa promptement. Cependant, en 552, les récoltes y étaient encore si abondantes, qu’on vit les marchands forcés de laisser aux matelots le blé pour le prix du fret[4]. L’exploitation des mines, le commerce de la laine, d’une qualité supérieure[5], occupaient des milliers de bras.


Corse.

XXII. La Corse était beaucoup moins peuplée. Diodore de Sicile ne lui donne guère plus de 30 000 habitants[6], et Strabon nous les représente comme sauvages et vivant dans les montagnes[7]. D’après Pline, elle aurait eu trente villes[8]. La résine, la cire, le miel[9], exportés par quelques comptoirs que les Étrusques et les Phocéens avaient

  1. Tite-Live, XLI, xii, xvii, xxviii. — Le chiffre de 80 000 hommes que les Sardes perdirent dans la campagne de T. Gracchus, en 578 et 579, était donné par l’inscription officielle que l’on voyait à Rome dans le temple de la déesse Matuta. (Tite-Live, XLI, xxviii.)
  2. Festus, p. 322, éd. O. Müller. — Tite-Live, XLI, xxi.
  3. Voyez Heeren, t. IV, sect. I, ch. ii. — Polybe, I, lxxix. — Strabon, V, ii, 187. — Diodore de Sicile, V, xv. — Tite-Live, XXIX, xxxvi.
  4. Tite-Live, XXX, xxxviii.
  5. Strabon, V, ii, 187.
  6. Diodore de Sicile, V, xiv. — Les Corses s’étant révoltés, en 573, eurent 2 000 tués. (Tite-Live, XL, xxxiv.) — En 581, ils perdirent 7 000 hommes et eurent plus de 1 700 prisonniers. (Tite-Live, XLII, vii.)
  7. Strabon, V, ii, 186-187.
  8. Pline, III, vi, 12.
  9. Diodore de Sicile, V, xiii. — En 573, les Corses furent imposés par les Romains à 1 000 000 de livres de cire, et à 200 000 en 581. (Tite-Live, XL, xxxiv ; XLII, vii.)