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La célébrité de Rhodes n’était pas moins grande dans les arts et les lettres que dans le commerce. Après le règne d’Alexandre, elle devint le siège d’une école fameuse de sculpture et de peinture, d’où sortirent Protogène et les auteurs du Laocoon et du Taureau Farnèse. On voyait dans la ville trois mille statues[1] et cent six colosses, entre autres la fameuse statue du Soleil, l’une des sept merveilles du monde, haute de 105 pieds, et qui avait coûté 3 000 talents (17 400 000 francs)[2]. L’école de rhétorique de Rhodes était fréquentée par des élèves accourus de toutes les parties de la Grèce, et César, comme Cicéron, alla s’y perfectionner dans l’art oratoire.

Les autres îles de la mer Égée avaient presque toutes perdu leur importance politique, et leur vie commerciale était absorbée par les États nouveaux de l’Asie Mineure, par la Macédoine et par Rhodes. Il n’en était pas de même de l’archipel de la mer Ionienne, dont la prospérité continua jusqu’au moment où il tomba au pouvoir des Romains. Corcyre, qui reçut dans son port les flottes romaines, devait à sa fertilité et à sa position favorable un commerce étendu. Depuis le ive siècle, rivale de Corinthe, elle s’était corrompue comme Byzance et Zacynthe (Zante), qu’Agatharchide, vers 640, nous représente amollies par l’excès du luxe[3].


Sardaigne.

XXI. L’état florissant de la Sardaigne venait surtout des colonies que Carthage y avait fondées. La population de cette île se rendit redoutable aux Romains par son esprit d’indépendance[4]. De 541[5] à 580, 130 000 hommes furent

  1. Pline, XXXIV, xvii.
  2. Strabon, XIV, ii, 557.
  3. Athénée, XII, xxxv, 461.
  4. Tite-Live, XXIII, xxxiv.
  5. Tite-Live, XXIII, xl.