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jour où les Romains s’en emparèrent. S’étendant de la Méditerranée à l’Oxus et au Caucase, cet empire était composé de presque toutes les provinces de l’ancien royaume des Perses, et renfermait des peuples d’origines différentes[1] : la Médie était fertile, et sa capitale, Ecbatane, que Polybe nous représente comme l’emportant par ses richesses et le luxe incroyable de ses palais sur les autres cités de l’Asie, n’avait point encore été dépouillée par Antiochus III[2] ; la Babylonie, naguère siège d’un empire puissant, et la Phénicie, longtemps la contrée la plus commerçante du monde, faisaient partie de la Syrie et touchaient aux frontières des Parthes. Des caravanes, suivant un itinéraire qui est resté le même pendant bien des siècles, mettaient en relation la Syrie avec l’Arabie[3], d’où lui arrivaient l’ébène, l’ivoire, les parfums, les résines et les épices ; les ports syriens étaient les échelles intermédiaires pour les marchands qui se rendaient jusque dans l’Inde, où Seleucus Ier était allé conclure un traité de commerce avec Sandrocottus. Les denrées de ce pays remontaient l’Euphrate jusqu’à Thapsacus ; de là elles étaient exportées dans toutes les provinces[4]. Des relations aussi lointaines et aussi multipliées expliquent la prospérité de l’empire des Séleucides. La Babylonie rivalisait avec la Phrygie pour les tissus brodés ; la pourpre et les tissus de Tyr, les verres, les ouvrages d’orfèvrerie et les teintures de

  1. L’empire de Seleucus comprit soixante et douze satrapies. (Appien, Guerres de Syrie, lxii, 630.)
  2. Polybe, X, xxvii : Ecbatane paya à Antiochus III un tribut de 4 000 talents (talents attiques = 23 284 000 francs), produit de la fonte des tuiles d’argent qui recouvraient un de ses temples. Déjà Alexandre le Grand avait fait enlever celles de la toiture du palais des rois.
  3. Le pays de Gerrha, chez les Arabes, payait 500 talents à Antiochus (talents attiques = 2 910 500 francs). (Polybe, XIII, ix.) — Il y avait jadis beaucoup d’or en Arabie. (Job, xxviii, 1, 2. — Diodore de Sicile, II, l.)
  4. Strabon, XVI, iv, 652.