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siècles auparavant. La capitale de la Carie était Halicarnasse, ville très-forte, défendue par deux citadelles[1], et célèbre par une des plus belles œuvres de l’art grec, le Mausolée. Malgré la fertilité extraordinaire du pays, les Cariens avaient l’habitude de s’engager, comme les Crétois, en qualité de mercenaires, dans les armées grecques[2]. C’est sur leur territoire que se trouvait la ville ionienne de Milet avec ses quatre ports[3]. Les Milésiens avaient, à eux seuls, civilisé les bords de la mer Noire par la fondation de près de quatre-vingts colonies[4].

Tour à tour indépendante ou placée sous une domination étrangère, la Lycie, province comprise entre la Carie et la Cilicie, possédait quelques villes riches et commerçantes. L’une surtout, renommée par son antique oracle d’Apollon, aussi célèbre que celui de Delphes, se faisait remarquer par son port spacieux[5] : c’était Patare, qui put contenir toute la flotte d’Antiochus, brûlée par Fabius en 565[6]. Xanthus, la plus grande ville de la province, jusqu’où remontaient les navires, ne perdit son importance qu’après avoir été pillée par Brutus[7]. Ses richesses lui avaient valu antérieurement le même sort de la part des Perses[8]. Sous la domination romaine, la Lycie vit graduellement décliner sa population, et de soixante et dix villes qu’elle avait eues, elle n’en comptait plus que trente-six au viiie siècle de Rome[9].

Plus à l’est, les côtes de la Cilicie étaient moins favo-

  1. Arrien, Campagnes d’Alexandre, I, xxiii. — Diodore, XVII, xxiii.
  2. Strabon, XIV, ii, 565.
  3. Strabon, XIV, i, 542.
  4. Pline, Histoire naturelle, V, xxix, xxx.
  5. Strabon, XIV, iii, 568.
  6. Tite-Live, XXXVIII, xxxix.
  7. Scylax, Périple, 39, éd. Hudson. — Dion Cassius, XLVII, xxxiv.
  8. Hérodote, I, clxxxvi.
  9. Pline, Histoire naturelle, V, xxvii, 101.