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Marseille n’avait qu’un territoire très-circonscrit, mais son influence s’exerçait au loin dans l’intérieur de la Gaule. C’est à cette ville qu’on doit l’acclimatation de la vigne et de l’olivier. Des milliers de bœufs venaient tous les ans paître le thym aux environs de Marseille[1]. Les marchands marseillais parcouraient en tous sens la Gaule afin d’y vendre leurs vins et le produit de leurs manufactures[2]. Sans s’élever au rang de grande puissance maritime, la petite république phocéenne avait cependant des ressources suffisantes pour se faire respecter de Carthage ; elle s’allia de bonne heure aux Romains. Des maisons marseillaises avaient, dès le ve siècle de Rome, établi à Syracuse, comme elles le firent plus tard à Alexandrie, des comptoirs qui attestent une très-grande activité commerciale[3].


Ligurie, Gaule cisalpine, Vénétie et Illyrie.

V. Seuls dans la mer Tyrrhénienne, les Ligures n’étaient point encore sortis de cette vie presque sauvage qu’avaient menée à l’origine les Ibères, issus de la même souche. Si quelques villes du littoral ligure, et Gênes notamment (Genua), faisaient le commerce maritime, elles se soutenaient par la piraterie[4] plutôt que par des échanges réguliers[5].

Au contraire, la Gaule cisalpine proprement dite nourrissait, dès l’époque de Polybe, une population nombreuse. On peut s’en faire une idée par les pertes qu’essuya cette province pendant une période de vingt-sept années, de l’an 554 à l’an 582 ; Tite-Live donne un total de 257 400 hommes tués, pris ou transportés[6]. Les tribus gauloises fixées dans la Cisalpine, tout en conservant les mœurs originelles,

  1. Pline, XXI, xxxi.
  2. Diodore de Sicile, V, xxvi. — Athénée, IV, xxxvi, 94.
  3. Démosthène, XXXIIe Discours, contre Zénothémis, 980, édit. Bekker.
  4. Strabon, IV, vi, 169.
  5. Diodore de Sicile, V, xxxix.
  6. Voy. Tite-Live, XXIII à XLII.