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merce à sa prospérité. Un grand nombre de colonies agricoles[1] avaient été établies, qui, au temps d’Agathocle, s’élevaient à plus de deux cents. Elles furent ruinées par la guerre[2] (440 de Rome). La Byzacène (partie sud de la régence de Tunis) était le grenier de Carthage[3].

Cette province, surnommée Emporia, c’est-à-dire la contrée commerçante par excellence, est vantée par le géographe Scylax[4] comme la partie la plus magnifique et la plus fertile de la Libye. Elle avait, du temps de Strabon, des villes nombreuses, entrepôts des marchandises de l’intérieur de l’Afrique. Polybe[5] parle de ses chevaux, de ses bœufs, de ses moutons, de ses chèvres, comme formant d’innombrables troupeaux, tels qu’il n’en avait pas vu ailleurs. La seule petite ville de Leptis payait aux Carthaginois l’énorme contribution d’un talent par jour (5 821 francs)[6].

Cette fertilité de l’Afrique explique l’importance des villes du littoral des Syrtes, importance révélée, il est vrai, par des témoignages postérieurs, puisqu’ils datent de la décadence de Carthage, mais qui doivent s’appliquer d’autant plus à l’état florissant qui avait précédé. En 537, le vaste port de l’île Cercina (Kerkéni, régence de Tunis, en face de Sfax) avait payé dix talents à Servilius[7]. Plus à l’ouest, Hippo-Regius (Bône) était encore une ville maritime considérable au temps de Jugurtha[8]. Tingis (Tanger), dans la Mauritanie, qui se vantait d’une origine très-ancienne, faisait un grand commerce avec la Bétique. Trois peuples africains subissaient dans ces contrées l’influence et souvent

  1. Aristote, Politique, VII, iii, § 5. — Polybe, I, lxxii.
  2. Diodore de Sicile, XX, xvii.
  3. Pline, Histoire naturelle, V, iii, 24.
  4. Scylax de Caryanda, Périple, p. 49, éd. Hudson.
  5. Polybe, XII, iii.
  6. Tite-Live, XXXIV, lxii.
  7. 58 200 francs. (Tite-Live, XXII, xxxi.)
  8. Salluste, Jugurtha, XIX.