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ritanie, des peaux d’animaux ; elle envoyait jusqu’à l’extrémité de la Bretagne, aux îles Cassitérides (les Sorlingues), des navires acheter l’étain[1]. Dans ses murs, l’industrie était florissante et l’on y fabriquait des tissus très-renommés[2].

Aucun marché du monde ancien ne pouvait être comparé à celui de Carthage, où se pressaient des hommes de toutes les nations. Grecs, Gaulois, Ligures, Espagnols, Libyens, accouraient en foule sous ses drapeaux[3] ; les Numides lui prêtaient une cavalerie redoutable[4]. La flotte était formidable : elle s’éleva, à cette époque, jusqu’à cinq cents vaisseaux. Carthage possédait un arsenal considérable[5] ; on peut en apprécier l’importance par ce fait qu’elle livra à Scipion victorieux deux cent mille armes de toute espèce et trois mille machines de guerre[6]. Tant de troupes et d’approvisionnements supposent d’immenses revenus. Même après la bataille de Zama, Polybe pouvait encore l’appeler la ville la plus riche du monde. Elle avait déjà pourtant payé aux Romains de lourdes contributions[7]. Une agriculture perfectionnée ne contribuait pas moins que le com-

  1. Voyez l’ouvrage de Heeren, Ideen über die Politik, den Verkehr und den Handel der vornehmsten Völker der alten Welt, part. I, t. II, sect. v et vi, p. 163 et suiv. 188 et suiv. 3e éd.
  2. Athénée nous apprend que Polémon avait composé tout un traité sur les manteaux des divinités de Carthage. (XII, lviii, 509.)
  3. Hérodote, VII, clxv. — Polybe, I, lxvii. — Tite-Live, XXVIII, xii.
  4. En faisant, d’après Tite-Live, le relevé de ses troupes au temps de la seconde guerre punique, on trouve un effectif de 291 000 fantassins et 9 500 cavaliers. (Tite-Live, liv. XXI à XXIX.)
  5. Carthage, en certaines circonstances, put façonner par jour cent quarante boucliers, trois cents épées, cinq cents lances et mille traits pour les catapultes. (Strabon, XVII, iii, 707.)
  6. Strabon, XVII, iii, 707.
  7. En 513, 3 200 talents euboïques (18 827 200 fr.) ; en 516, 1 200 talents (6 985 200 fr.) ; en 552, 10 000 talents (58 210 000 fr.). Scipion, le premier Africain, rapporta, en outre, de cette ville 123 000 livres d’argent. (Polybe, I, lxii, lxiii, lxxxviii ; XV, xviii. — Tite-Live, XXX, xxxvii, xlv.)