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l’Afrique, l’Asie au delà du mont Taurus, la mer Érythrée (mer Rouge et golfe Persique), l’Océan et les lointains voyages. Aux Grecs, tous les rivages du Nord, qu’ils couvrent de leurs mille établissements. La Phénicie s’adonne aux entreprises aventureuses et aux spéculations lucratives. La Grèce, artiste avant d’être commerçante, propage, par ses colonies, son esprit et ses idées. Cette heureuse émulation disparaît bientôt devant la création de deux nouvelles colonies sorties de leur sein. La splendeur de Carthage remplace celle de Tyr. Alexandrie se substitue à la Grèce. Ainsi une Phénicie occidentale ou espagnole partage le commerce du monde avec une Grèce orientale et égyptienne, fruit des conquêtes intelligentes d’Alexandre.


Afrique septentrionale.

II. Riche des dépouilles de vingt peuples divers, Carthage était la capitale superbe d’un vaste empire. Ses ports, creusés de main d’homme, pouvaient contenir un grand nombre de navires[1]. Sa citadelle, Byrsa, avait deux milles de circuit. Du côté de la terre la ville était défendue par une triple enceinte longue de vingt-cinq stades, haute de trente coudées, garnie de tours à quatre étages, pouvant abriter 4 000 chevaux, 300 éléphants et 20 000 fantassins[2] ; elle renfermait une immense population, puisque, dans les dernières années de son existence, après une lutte séculaire, elle comptait encore 700 000 habitants[3]. Ses monuments étaient dignes de sa grandeur ; on y remarquait le temple du dieu Aschmoun, assimilé par les Grecs à Esculape[4], celui du Soleil, recouvert de lames d’or valant mille

  1. « Le port militaire en contenait à lui seul deux cent vingt. » (Appien, Guerres puniques, xcvi, 437, éd. Schweighæuser.)
  2. Appien, Guerres puniques, xcv, 436.
  3. Strabon, XVII, iii, 707.
  4. Appien, Guerres puniques, cxxx, 492.