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d’état de résister à la double étreinte des Gaulois et des Carthaginois.

La forme adoptée par Rome pour régir l’Italie était la meilleure, mais comme forme transitoire. On devait tendre, en effet, à l’assimilation complète de tous les habitants de la Péninsule, et c’était évidemment le but de la sage politique des Camille et des Fabius. Quand on considère que les colonies de citoyens présentaient une image fidèle de Rome, que les colonies latines avaient des institutions et des lois analogues, qu’en outre un grand nombre de citoyens romains et d’alliés latins étaient dispersés, dans les différentes contrées de la Péninsule, sur les vastes territoires cédés à la suite d’une guerre, on juge combien dut être rapide la diffusion des mœurs romaines et du langage latin.

Si Rome, dans les siècles postérieurs, ne sut pas saisir le moment favorable où l’assimilation, opérée déjà dans les esprits, aurait pu passer dans le domaine des faits, cela tient à l’abandon des principes d’équité qui avaient guidé le sénat durant les premiers siècles de la République, et surtout à la corruption des grands, intéressés à maintenir la condition d’infériorité des alliés. Le droit de cité étendu à tous les Italiotes, en temps utile, eût donné à la République une nouvelle force ; mais un refus opiniâtre devint la cause de la révolution commencée par les Gracques, continuée par Marius, étouffée momentanément par Sylla et achevée par César.


Force des institutions.

XI. À l’époque qui nous occupe, la République est dans toute sa splendeur.

Les institutions forment des hommes remarquables, les élections annuelles portent au pouvoir les plus dignes et les y rappellent après un court intervalle. La sphère d’action des chefs militaires ne s’étend pas au delà des frontières naturelles de la Péninsule, et leur ambition, contenue dans