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suivante. Les chefs sont sur des chars traînés par des dragons ailés ou montés sur des griffons, des rhinocéros ou des oiseaux fantastiques appelés hans[1].

3o Face nord. — Un personnage, nommé Maha Asey, s’avance précédé de musiciens qui jouent de la cymbale, du tambour long, du gong et d’autres instruments. Il est monté sur les épaules d’un géant hideux qui traîne par les pieds un autre géant qui se débat. Vers le milieu de la face est figuré un dieu à longue barbe entouré d’adorateurs. Au delà le combat continue : l’un des principaux acteurs est monté sur un géant qui a un bec d’aigle, une queue et des griffes d’oiseau. Quelques combattants sont représentés portant plusieurs lances dans la main gauche.

Nous sommes encore ici en présence de différents épisodes de la lutte de Rama et de Ravana, où apparaissent l’oiseau Garouda que les Cambodgiens appellent Krout, Laksmana, Dasaratha, etc.


Angcor Wat : 5e inscription des supplices.


Angcor Wat : 9e inscription des supplices.

4o Face sud. — Elle est entièrement consacrée aux joies du paradis et aux supplices de l’enfer. Ceux-ci, au nombre de vingt-trois, occupent la partie est, et chacun d’eux est annoncé par une inscription placée au-dessus et dont je donne deux spécimens. On voit là, torturés par les agents de l’enfer, des malheureux dont on scie les membres, on arrache les dents, on crève les yeux, on perce le nez, on casse les reins. D’autres sont pilés dans des mortiers, empalés, mis au carcan, livrés aux oiseaux de proie, percés de flèches, plongés dans des chaudières bouillantes, pendus la tête en bas. Deux adultères sont attachés à un arbre à épines. Une femme qui paraît enceinte est entre les mains de trois bourreaux : l’un d’eux la tient par le haut du corps et lui brise les reins ; le second la saisit à mi-corps et lui ouvre le ventre ; le troisième la tient par une jambe et la coupe en deux avec un sabre.

À l’ouest, une longue procession d’élus avec des bannières et des parasols fait son entrée dans le ciel.

  1. C’est l’oie vénérée de temps immémorial dans les régions hindoues, en Égypte et chez les Romains, et appelée en pâli hansa, en malais angza, en latin anser, en espagnol ansar, etc. C’est dans ce bas-relief que le Dr  Bastian a cru reconnaître Bhima placé sur une litière de flèches par les Pandous, et le duel entre Phaya Kalong et Lakernana. (Voy. Journal of the Geographical Society, 1865, p. 78.)