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belle colonnade se dirige de la porte de la tour vers la grande entrée qui est elle-même un monument distinct. Deux des colonnes portent des inscriptions. Sur l’une d’elles, on peut reconnaître le millésime de 12…

De simples portes sont pratiquées sur les trois autres faces de l’enceinte. Celle-ci est en pierre de Bien-boa, et renferme quatre édicules faisant face au sanctuaire, deux du côté est, et deux, un peu plus grands, du côté ouest.

Les blocs de grès employés dans la construction du sanctuaire sont de très-fortes dimensions. L’architecture, quoique très-sobre d’ornements, est d’une grande beauté et l’aspect général du monument est remarquable. Peut-être n’y avait-on pas mis la dernière main.


§ 3. — Angcor Wat[1].


Voici le monument le plus important et le mieux conservé de toutes les ruines khmers et le seul qui jusqu’à présent ait été reproduit par la photographie. C’est aussi celui qui a été le plus complètement étudié par M. de Lagrée, et quoiqu’il n’en ait pas laissé de description, les plans minutieux et exacts qui ont été levés sous sa direction et quelques notes éparses, me rendent cette tâche assez facile[2].

Ainsi qu’Athvéa, Angcor Wat a sa façade principale tournée vers l’ouest. À cette exception près, ce temple résume admirablement toutes les lois de l’architecture khmer. Il réunit, comme il a été dit plus haut, le système des terrasses à celui des galeries croisées.

Entrée principale et Belvédère. — En dehors du fossé, large de deux cents mètres, qui est creusé tout autour de l’édifice, se trouve du côté ouest, une plate-forme en forme de croix grecque qui précède et annonce le monument. Cette plate-forme, dont les bras ont trente mètres de longueur totale, était décorée autrefois, aux six angles saillants extérieurs, de lions en pierre, qui gisent aujourd’hui mutilés dans les herbes. Le bras intérieur de la croix sert d’amorce à la chaussée de huit mètres de large qui traverse le fossé sur lequel elle jette une quarantaine d’arches étroites, et qui vient aboutir à l’entrée monumentale dont le dessin a été donné entête de ce chapitre. Celle-ci se compose essentiellement d’une galerie de 235 mètres de long, élevée sur un soubassement qui a sept mètres de large, et formée, extérieurement par une double rangée de colonnes, intérieurement par un mur plein dans lequel sont pratiquées de fausses fenêtres.

  1. Voici la légende du plan d’ensemble inséré en tête de ce chapitre, et l’indication des planches ou des dessins qui en détaillent les diverses parties :

    FF Fossés remplis d’eau.
    PP Entrée principale (Voy. le dessin p. 41 et l’Atlas 1re partie, pl. XV et 2e partie, pl. VI).
    CCC Chaussée centrale (Voy. Atlas, 1re partie, pl. XV).
    EE Petits sanctuaires. Idem.
    SS Bassins.
    B Belvédère (Voy. Atlas, 1re partie, pl. XV).
    AAA’A’ Temple. (Voy. les dessins, p. 45, 51, 55, etc., Atlas, 1re partie, pl. XVI, et 2e partie, pl. VII).
    E’E’ Édicules (Voy. le dessin, p. 37).

    Voyez en outre, l’élévation du monument, prise en avant du belvédère B, Atlas, lre partie, planche XVII, et les détails d’ornementation donnés, Atlas, lre partie, planches XVIII et XIX.

  2. Je dois citer ici comme l’un des aides les plus infatigables et les plus consciencieux de M. de Lagrée le premier maître mécanicien Laederich. C’est lui qui a dessiné les plans de toutes les ruines khmers qui figurent dans cet ouvrage, et qui a exécuté la plupart des levés relatifs à Angcor Wat.