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une hauteur de 2,500 mètres. Des femmes Si-fan avec leur béret original, à chaîne d’argent et à gland sur le côté, faisaient assez bonne figure à côté des Chinois et des Min-kia de la localité. À partir de Can-tchou-tse, on descend dans une vallée basse, chaude et bien cultivée où s’élève la ville de Sen-o-kay. C’est là que résidait le chef du pays de Che-lou-li, nom que l’on donne à la région dont Ta-yao hien est le centre, et dont dépendent les salines de Pe-yen-tsin. Che-lou-li veut dire « les seize familles » ou « les seize tribus » et fait allusion à l’organisation particulière de la contrée. Au moment de la révolte des Mahométans, le chef indigène de Ta-yao, nommé Pen-tse-yang, fit assembler les principaux du pays, les excita à la résistance, leva des milices et combattit pied à pied contre


UN ESCAMOTEUR CHINOIS À TCHANG-SIN.


l’invasion. Débordé par le nombre, il dut céder deux fois à l’orage, et se réfugier dans le Se-tchouen ; mais il revint à la charge avec une énergie persistante, réoccupa Ta-yao, Pe-yen-tsin, Yuen-ma et Tou-ouen-sieou. Le sultan de Ta-ly dut composer avec ce faible adversaire. Une sorte de trêve tacite fut consentie, les Che-lou-li furent respectés par les soldats mahométans et Pen-tse-yang ne mit aucun obstacle à la circulation commerciale entre Ta-ly et le Se-tchouen. Grâce à l’énergie d’un homme, la vallée du Pe-ma ho se trouvait ainsi préservée depuis plusieurs années des dévastations et des pillages qui ruinaient les pays voisins et Sen-o-kay, que Pen-tse-yang avait choisi pour résidence et où il avait fait élever une citadelle, présentait lors de notre passage la physionomie la plus vivante et la plus prospère. Un théâtre s’y tenait en plein vent et attirait la foule. Dès