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quable, qui dénote un centre riche, populeux, vers lequel convergent les produits de toute une région exceptionnellement favorisée. La principale richesse de la province consiste en métaux, dont le plus important est le cuivre. Il y a une quarantaine de mines de cuivre dans le Yun-nan, et la plus grande partie des minerais provenant des mines du sud vient se faire traiter à Yun-nan, ou y subir un dernier affinage. Pour donner une idée de l’importance de cette production, il suffit de dire qu’en 1850, l’impôt annuel payé à Pékin par la province était de six millions de kilogrammes. Le prix de cent livres de cuivre (60 kilogrammes), sur les lieux, est de 55 francs environ. À cette production, il faut ajouter celle de l’argent qui ne dépasse pas annuellement 40,000 kilogrammes. Les plus importantes mines d’argent sont celles de Lo-ma, Mien-hoa-ti, situées entre Tong-tchouen et Tchao-tong, celles de Houy-long et de Ngan-nan, situées, la première sur les bords du Cambodge à l’ouest de Li-kiang et la seconde sur les bords du fleuve Bleu, au nord de la même ville. Les mines d’or sont encore moins importantes. J’ai déjà parlé des gisements qui se trouvent au nord de Ta-lan. Je citerai encore la mine de Ma-kang, située dans le voisinage de Ngan-nan, et celle de Ma-kou, qui est sur la frontière du territoire de Lin-ngan et du Tong-king. L’impôt que perçoit le gouvernement sur l’exploitation de ce métal, n’est que de 1,140 grammes d’or par an.

Il n’y a, à ma connaissance, qu’une mine d’étain dans le Yun-nan : c’est celle de Ko-kieou, située sur le territoire de Mong-tse, à l’est de Lin-ngan. Les mines de plomb et de zinc sont plus nombreuses et se trouvent surtout dans le nord de la province, aux environs de Tong-tchouen et de Ping-y-hien. Elles fournissent à l’État, de 300 à 400,000 kilogrammes de zinc et une centaine de mille kilogrammes de plomb par an. Il y a enfin quatorze mines de fer groupées pour la plupart dans la région lacustre dont Yun-nan est le centre ; elles ne payent, par an, que 2 ou 3,000 mille francs de droits à l’État.

L’exploitation des mines de cuivre est une sorte de commandite, dont l’État fournit les capitaux, en se réservant le droit d’acheter, dans chaque mine, à un prix déterminé, une quantité de métal fixée à l’avance. Le même droit est concédé aux provinces limitrophes, et le transport de cette redevance en nature, donnait lieu, avant la guerre civile, à d’immenses convois de barques, qui descendaient le fleuve Bleu et allaient transporter jusqu’à Pékin les millions de kilogrammes de cuivre, nécessaires à la fabrication des sapèques du Céleste Empire. En 1850, la somme qui était avancée par l’État pour l’exploitation des mines de cuivre de Yun-nan, s’élevait annuellement à un million de taels ; mais les mineurs se plaignaient vivement de ce que le prix officiel du cuivre fût beaucoup trop faible et la quantité de métal exigée beaucoup trop forte. Il en résultait une diminution sensible dans le nombre des travailleurs venus de tous les points de l’empire afin de prendre part à l’exploitation des richesses métallurgiques du Yun-nan. Après les prélèvements opérés dans les mines, par l’État et par les provinces, le commerce ne trouvait plus une quantité suffisante de cuivre pour alimenter ses achats.

La rébellion mahométane est venue aggraver cet état de choses, et la plupart des