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Il s’assit sur un canapé, les jambes croisées, roide comme un mannequin, et prononça quelques monosyllabes que le Phya luong Mangkala traduisit à M. de Lagrée en longues questions sur le but de notre voyage, le pays d’où nous venions, etc… On fit ajouter au roi que nous pourrions partir quand bon nous semblerait. Le cérémonial qui avait présidé à son arrivée l’accompagna à sa sortie.

Dans la même journée, j’allai reconnaître le fleuve à quelque distance en amont de Xieng Hong. Je pus constater qu’après son court épanouissement dans la plaine de Nam Ha, il reprend cet aspect bizarre et tourmenté, ce lit encombré de roches, ces eaux rapides, étroites et profondes qui le caractérisent à partir de Vien Chan.


ÉMIGRÉ DU YUN-NAN À XIENG HONG.

L’aspect et les allures de la population de Xieng Hong se ressentaient de l’état troublé du pays. De nouvelles guerres paraissaient imminentes. Un grand nombre de gens misérables erraient çà et là, sans avoir le courage, devant l’incertitude de l’avenir, de se bâtir une demeure[1]. Les réfugiés des régions voisines se mêlaient en grand nombre aux indigènes : parmi eux, nous remarquâmes une autre catégorie de Thaï, les Thaï neua ou Thaï du nord, que la guerre des Mahométans ou Phasi avait chassés de leur pays natal, ce

  1. Voyez sur la situation politique de la contrée les conclusions du chapitre XX.