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avec ces contrées peuvent dépendre du souvenir que laissera derrière elle l’expédition que vous commandez.

Recevez, Monsieur le Commandant, l’assurance de ma considération très-distinguée.

de la Grandière.


À ces instructions était jointe la pièce suivante, écrite en français et en chinois, et destinée à établir en toute circonstance, vis-à-vis des autorités indigènes, le caractère officiel de la mission.



COCHINCHINE FRANÇAISE

CABINET DU GOUVERNEUR, COMMANDANT EN CHEF


Saïgon, le 25 mai 1866.


Conformément aux ordres de NAPOLÉON III, Empereur des Français,

L’amiral de la Grandière, général en chef, commandant les forces de terre et de mer, et gouverneur de la Cochinchine, commandeur de la Légion d’honneur, etc., etc., etc.,

Envoie le commandant de Lagrée, qui a rang de grand mandarin, pour remonter le Mékong, en dresser la carte et étudier les pays voisins.

Le commandant de Lagrée est accompagné par cinq officiers français. L’escorte se composera de sept soldats français, de sept soldats annamites et des interprètes.

L’Empereur Napoléon est en paix avec tous les rois qui ont des territoires voisins du Mékong.

En conséquence, partout où il arrivera, le commandant de Lagrée entrera en relations amicales avec les grands mandarins et leur portera de la part de l’amiral des paroles d’amitié. Il s’adressera à eux pour obtenir toutes les choses dont il aura besoin.

Il fera ensuite connaître à l’amiral comment il aura été traité dans chaque contrée, afin que l’amiral en informe l’empereur qui, suivant le cas, fera remercier les rois souverains, ou leur adressera des plaintes.

de la Grandière.
Fait à Saïgon, Cochinchine française, le 25 mai 1866.


Les premiers pays que la mission allait traverser en remontant le fleuve, dépendaient de l’autorité siamoise. Celle-ci ne devait pas voir sans doute d’un œil bien favorable une expédition qui allait reconnaître jusqu’où s’étaient étendues autrefois les frontières du Cambodge et constater les empiétements et les spoliations violentes dont ce royaume avait été la victime de la part de son puissant voisin. Il était donc important d’obtenir du gouvernement de Bankok un consentement officiel écrit qui prévînt et annulât les obstacles qu’il pourrait être tenté de susciter en sous-main aux explorateurs. Voici quels furent les termes de la lettre que le roi de Siam, sur la demande du consul de France à Bankok, voulut bien leur accorder :