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pays, de différends survenus entre la principauté de Xieng Mai et les Anglais. Les tentatives de ces derniers pour s’assurer l’exploitation exclusive du haut de la vallée du Menam devaient porter ombrage aux pays voisins et exciter les populations contre les Européens. Notre nationalité était inconnue : peut-être étions-nous des Anglais nous-mêmes. Notre mission, dont le but scientifique échappait aux indigènes, avait une apparence mystérieuse qui donnait matière aux soupçons. Enfin, le gouvernement de Luang Prabang tenait sans doute à témoigner une certaine indépendance vis-à-vis de Siam, en affectant une sorte de dédain pour les lettres de Bankok dont nous étions porteurs.


LUANG PRABANG : MISE À L’EAU D’UNE PIROGUE DE COURSES.

Le langage digne et ferme du commandant de Lagrée, l’intérêt qu’il y avait à ménager des inconnus qui se présentaient avec tous les dehors de l’amitié et de la paix, que leur petit nombre rendait inoffensifs, et qui représentaient peut-être une nation puissante, ne permirent cependant pas au roi de décliner nos demandes, et le cérémonial de notre visite fut réglé à la satisfaction du chef de l’expédition. Il fut convenu que le roi se lèverait à notre arrivée, que notre escorte armée entrerait à l’intérieur du palais, et que les membres de la Commission resteraient assis pendant l’audience.

Le programme s’accomplit de point en point ; mais le roi se retrancha dans la réserve