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DE KÉMARAT À HOUTEN.

s’approvisionner à Lakon de la chaux nécessaire à la construction des pagodes et des tombeaux, et de celle, beaucoup plus fine, qui entre dans la composition de la chique que mâchent sans cesse les Indo-Chinois. Sur les berges du fleuve, aux environs de Lakon, on rencontre de nombreux fours à chaux en pleine activité. Quelque imparfaits que soient les procédés d’exploitation, la chaux est fort belle et son prix ne dépasse pas 1 fr. 50 le picul (60 kilogrammes).

La commission quitta Lakon le 5 mars. Cette ville est une de celles que l’on retrouve le plus vivante dans la relation de Wusthof[1] ; elle a beaucoup perdu de son animation et de son commerce depuis la conquête siamoise.

À partir de Lakon, le fleuve, qui depuis Ban Mouk s’était constamment dirigé vers le nord, commence à s’incliner fortement vers l’ouest, paraissant ainsi ressentir l’influence de la direction des montagnes et de la côte du golfe du Tong-king. Son cours reste toujours calme ; un peu au-dessus de Lakon, il se rétrécit un instant jusqu’à n’avoir plus que 400 mètres de large, des roches s’élèvent sur ses rives et les basses eaux mettent à découvert les bancs de schistes qui traversent son lit. (Voy. le dessin en tête du chapitre.)


VUE DES MONTAGNES DE PLOMB.

Le lendemain 6 mars, la Commission fit halte à Houtén, autre chef-lieu de province, situé vis-à-vis de l’embouchure du Nam Hin boun, jolie rivière dans la vallée de laquelle on avait signalé à M. de Lagrée des mines de plomb exploitées. Il partit dès le lendemain avec le docteur Joubert pour aller les visiter. Les deux explorateurs remontèrent en barque le Hin boun pendant deux jours, et débarquèrent le 8 mars sur la rive gauche de cette rivière, près de son confluent avec le Nam Haten, petit affluent innavigable dont ils suivirent la vallée. Le 9 mars, ils visitèrent, près du village de Nanhô, une grotte de près de 400 mètres de longueur et d’une hauteur de 30 à 40 mètres, dont les parois sont formées d’un marbre gris veiné de noir. Ils étaient arrivés dans la région des mines de plomb.

  1. Voyez la description qu’il en fait, Bulletin de la Société de géographie, septembre-octobre 1871, page 260.