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APERÇU HISTORIQUE

Baker fut envoyé au Pégou et à Ava et leva une partie du cours de l'Iraouady. En 1749, Poivre, intendant de l’Île de France, en 1750 Robert Kirsop, en 1778 Chapman, renouvelèrent sans succès la tentative de Bowyear auprès du gouvernement cochinchinois ; le jésuite autrichien Koffler recueillit pendant un séjour de quinze années en Cochinchine (1740-1755) d’intéressants détails sur les peuplades laotiennes qui avoisinent ce royaume. En 1787, le capitaine de Rosily effectua pour la première fois la reconnaissance hydrographique des embouchures du Cambodge et d’une partie des côtes de la Cochinchine. Ses travaux furent continués par Dayot, officier français au service du roi Gia-long, de 1791 à 1795. En 1795, l’ambassade du colonel Symes à Ava, dans laquelle se trouvait un géographe distingué, le docteur Buchanan, plus connu depuis sous le nom d’Hamilton, fut le point de départ d’études approfondies sur l’histoire politique et naturelle et la géographie de la Birmanie. Mentionnons à la même époque les voyages et les travaux de John Rarrow, Loureiro et de Saint-Phalle en Cochinchine.

Les ouvrages et les explorations se multiplient dans le siècle suivant, et nous renonçons à tout citer. Le lieutenant Ross reprend en 1807 les travaux hydrographiques en Cochinchine et les marines anglaise et française complètent et achèvent le dessin des côtes de la péninsule. Crawfurd visite, comme envoyé de la Compagnie des Indes, Ava, Bankok, Saïgon et Hué, et publie de précieuses observations politiques et géographiques ; le colonel Burney se livre à l’étude des chroniques birmanes rapportées d’Ava en 1826 ; le docteur Richardson parcourt la partie supérieure de la vallée du Menam et fait connaître Xiengmai et Labong (1829-1839). En 1837, le lieutenant Mac-Leod détermine géographiquement le premier de ces deux points et pousse sa reconnaissance jusqu’à Kiang-hung, sur le fleuve Cambodge, dont on ne connaissait jusque-là que l’embouchure. La vallée de l’Assam, le cours supérieur de l'Iraouady et du Brahmapoutre sont reconnus et étudiés par Burlton, Neufville, Bedford, Wilcox, Bedingfield, Montmorency, Hannay (1823-1837) dont le capitaine Pemberton résume les découvertes en publiant en 1838 un beau travail sur la Birmanie et les frontières Nord-Est du Bengale. Les Français de Kergariou (1817), du Camper (1822), de Bougainville (1824), Laplace (1831), Leconte (1843), les Américains White (1819), Roberts (1832-34), visitent plusieurs points de la péninsule, et apportent leur contingent de renseignements et d’études. En 1856, la mission du capitaine Yule à la cour d’Ava donne lieu à un remarquable ouvrage sur la Birmanie, dans lequel cet officier distingué réunit et discute tous les documents antérieurs avec une rare sagacité.

Les missionnaires catholiques ou protestants établis à Siam ou en Cochinchine se livrèrent de leur côté, pendant cette période, à d’intéressantes recherches sur l’histoire, la géographie et les langues de la péninsule ; nous nous contenterons de citer La Rissachère, malheureusement trop affirmatif sur ce qu’il ignore et dont le livre a contribué à répandre, au point de vue géographique, de regrettables erreurs ; Taberd, Gutzlaff, Tomlin, Abeel, Pallegoix, Rouillevaux, Mason. En même temps les progrès des études chinoises permirent à Abel Rémusat, à Klaproth, à MM. Pauthier et Stanislas Julien, de retrouver, dans les immenses compilations géographiques que possède la Chine, d’importants matériaux sur l’histoire et la géographie de l’Indo-Chine.