Page:Louis Delaporte - Voyage d'exploration en Indo-Chine, tome 1.djvu/291

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Comme je l’ai déjà dit, M. Delaporte s’était embarqué à Oubôn, le 15 janvier, pour redescendre le Se Moun jusqu’à son embouchure. Le 12, à midi, il était arrivé à Pak Moun, d’où il était reparti le lendemain matin pour commencer l’ascension du fleuve. (voyez la carte no 1, ci-dessus).

À 1 mille 1/2 en amont de Pak Moun[1], le lit du fleuve aux hautes eaux se réduit à 200 mètres de large. Les deux rives sont formées de roches presque à pic. La baisse de l’eau, au moment du passage de M. Delaporte, avait atteint 14 mètres ; la vitesse du courant atteignait environ un demi-mille à l’heure. Deux sondes, faites au milieu du fleuve, n’ont pas donné de fond à 100 mètres !

Au-dessus de ce point, le fleuve change brusquement de direction : du N.56° 0., il revient au nord. Son lit, aux hautes eaux, mesure environ 500 mètres de large. Mais au mois de janvier, il n’y a de l’eau que dans un chenal, situé à une soixantaine de mètres de la rive gauche, et qui, au point le plus étroit, n’a pas plus de 100 mètres de large. Sur la rive droite, s’amoncellent de gros blocs de grès. Le fleuve s’incline ensuite graduellement jusqu’à l’E.-N.-E. ; il devient moins profond et moins large.

Au delà du village de Koum, il s’élargit de nouveau : sur chaque rive s’élèvent de petites collines de 250 à 300 mètres de hauteur, dont la crête est taillée à pic ; de magnifiques forêts en recouvrent les pentes et s’étagent depuis leurs sommets jusqu’aux bords du fleuve.

En amont de Ban Koum, une grosse roche, placée au milieu du fleuve, le divise en deux bras de 60 à 80 mètres de large chacun. Le courant s’accélère et atteint 3 ou 4 milles à l’heure. Au-dessus, les deux bras se rejoignent et forment un chenal unique d’une largeur de 150 à 250 mètres. Des roches à découvert en forment les rives. Le chenal gagne ensuite la rive gauche, se rétrécit et devient difficile à reconnaître au milieu des roches ; le courant est très-rapide.

À partir de Ban Talang, la direction du fleuve revient au N.-N.-E. Il présente toujours le même aspect : montagnes de grès de chaque côté, roches encombrant les trois quarts du lit, chenal profond au milieu, courant rapide dans le chenal. Il y a un îlot sur la rive gauche. À peu de distance de Ban Talang, on rencontre un premier rapide.

Le chenal, large jusque-là de 350 à 400 mètres, se resserre tout d’un coup de façon à ne plus mesurer que 55 mètres et le courant se brise avec violence sur les roches escarpées qui endiguent l’eau profonde. Sa vitesse est d’environ 6 milles à l’heure au milieu du passage. Il fallut haler la barque de M. Delaporte le long de la rive.

Au delà de cette première difficulté, la direction du fleuve revient au nord. Son lit s’élargit peu à peu jusqu’à atteindre 800 mètres ; mais le chenal n’a que 100 à 200 mètres et le courant conserve une vitesse de 4 à 5 milles à l’heure.

À deux milles au-dessus, est un second rapide. La largeur totale du fleuve est de 700 mètres. Des roches et un îlot de sable divisent le courant en trois bras, qui viennent se

  1. Voy. pour l’ensemble du récit la carte itinéraire no 4, Atlas, 1re  partie, pl. VII. Cette description du fleuve entre Pak Moun et Kémarat est extraite du rapport de M. Delaporte, consigné dans le journal de l’expédition, et complétée d’après ses renseignements.