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LE MÉKONG VU DE LA POINTE DE PAK MOUN.


X

SÉJOUR DE LA COMMISSION À OUBÔN. — SALINES. — VOYAGE PAR TERRE D’OUBÔN À KÉMARAT. — RECONNAISSANCE DU FLEUVE PAR M. DELAPORTE ENTRE PAK MOUN ET KÉMARAT.


Au moment de l’arrivée de la Commission française à Oubôn, on faisait les préparatifs de la cérémonie du couronnement du roi de cette ville. Celui-ci ne négligea rien pour donner à cette fête un éclat qu’allait rehausser encore la présence de ses hôtes européens. M. de Lagrée retrouva à Oubôn le membre de la famille royale de Vien Chan qu’il avait déjà rencontré à Kham tong niaï. C’était l’oncle du roi.

En attendant les fêtes du couronnement, M. de Lagrée alla visiter les salines qui se trouvent aux environs de la ville. Sur une étendue de plus de 60 kilomètres, on recueille, pendant la saison sèche, le sel qui se dépose à la surface du sol. Cette récolte occupe de nombreux villages et n’empêche nullement l’établissement de rizières sur le même terrain ; les deux productions sont successives et ne paraissent pas se nuire. Les premières pluies dissolvent le sel, déposé à la surface pendant la saison précédente, et permettent la culture immédiate du riz. Après la moisson, les eaux qui se sont infiltrées dans la terre, à l’intérieur de laquelle paraissent exister des couches considérables de sel, et qui s’y sont saturées, remontent sous l’influence de la chaleur solaire et déposent, sous forme d’une poussière blanche, le sel à la surface du sol. Les habitants balayent le sol quand il est suffisamment chargé d’efflorescences salines, lavent la terre ainsi recueillie et font évaporer dans des chaudières les eaux de lavage. La saison favorable à cette industrie dure deux ou trois mois et un travailleur peut produire environ 15 livres de sel par jour. Le prix de vente, au marché d’Oubôn, varie de 3 francs cinquante centimes à 5 francs le picul. Cette production spé-