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APERÇU HISTORIQUE

presqu’île de Malaca et aux îles de la Sonde. Ces deux voyageurs ne sont probablement pas les seuls marchands européens qui aient devancé les Portugais aux Indes orientales, et même après la découverte de la route maritime, leur itinéraire continua à être suivi par de nombreux commerçants italiens[1].

Tout le monde sait que Vasco de Gama aborda pour la première fois sur les côtes occidentales de l’Inde en 1497. Dès 1505, il était nécessaire de mettre un vice-roi à la tête des nouvelles possessions portugaises. Ce ne fut pas d’ailleurs sans luttes que les Arabes se laissèrent déposséder, par des étrangers, du commerce dont ils étaient en possession depuis si longtemps. Ces résistances qu’ils suscitèrent aux Européens retinrent ceux-ci pendant quelques années dans l’Inde proprement dite, mais l’ardeur des découvertes et le succès de leurs premières tentatives poussèrent bientôt les Portugais en avant. Le 5 avril 1508, Diogo Lopez de Sigueira partait de Lisbonne avec quatre navires, avec la mission expresse du roi Emmanuel de faire voile au delà du Gange et d’atterrir à Malaca, « ville très-riche et renommée, dit un auteur du temps, pour être l’un des plus notables lieux des foires de l’Orient. » Sigueira, après avoir relâché à Madagascar et à Cochin, où il s’aboucha avec don Francisco d’Almeida, premier vice-roi des Indes portugaises, prit terre à Pedir, à l’extrémité Nord-Est de l’île de Sumatra, puis donna dans le détroit de Malaca, et aborda en cette dernière ville en mars 1509. Là, comme dans le reste de l’Inde, les marchands indiens et arabes, jaloux de cette nouvelle et redoutable concurrence que venait établir le commerce européen, s’attachèrent à prévenir le roi de Malaca contre les étrangers, ce que le récit de leur conduite violente et souvent injustifiable sur la côte de Malabar rendit facile. Sigueira n’échappa qu’à grand’peine aux pièges qui lui furent tendus et dut s’enfuir au plus vite de cette ville en y laissant quelques-uns des siens morts ou prisonniers. Dès l’année suivante, Diogo Mendez de Vasconcellos partait de Lisbonne avec quatre navires (12 mars 1510), pour venger cet affront ; mais, à son arrivée à Goa, il fut arrêté dans sa mission par Albuquerque, qui voulut se charger lui-même de la conduite de l’expédition. À la tête d’une flotte de dix-neuf bâtiments, le vice-roi portugais fit voile pour le détroit au mois de mai 1511, et le 1er juillet il jeta l’ancre devant Malaca. Ce fut pendant le siège de cette ville qu’Albuquerque noua les premières relations politiques avec le royaume de Siam. Après la prise de Malaca, une citadelle fut construite pour assurer la domination des vainqueurs : Albuquerque en confia le commandement à Ruy de Brito, envoya de nouveaux ambassadeurs, Antonio de Miranda et Duarte Coelho, au roi de Siam, pour resserrer davantage les nouveaux liens d’amitié contractée avec ce puissant souverain, et reçut en même temps les félicitations plus ou moins sincères des rois du Pégou, de Java et de Sumatra.

À partir de ce moment, les relations des Portugais avec les différents royaumes de l’Indo-Chine se multiplient et présentent les péripéties les plus diverses. En 1517, Antonio de Miranda retourne à Siam avec Antonio de Saldanha. Aleixo de Meneses, nouveau gouverneur de Malaca, y renvoie l’année suivante Duarte Coelho, qui séjourne

  1. Citons entre autres les Vénitiens Gasparo Balbi (1579-1587) et Cesare Fedrici (1563-1581), qui ont laissé deux relations intéressantes de leurs voyages, pendant lesquels ils visitèrent l’Aracan et le Pégou.