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VUE DU FLEUVE EN AVAL DE PHOU FADANG.


IX

DÉPART DE BASSAC. — LA VALLÉE DU FLEUVE JUSQU’À PAK MOUN ET LA VALLÉE DU SE MOUN JUSQU’À OUBÔN. — VOYAGE DE M. GARNIER À PNOM PENH. — LE SPEAN TEUP. — RICHESSES ET DÉBOUCHÉ NATUREL DU BASSIN DU GRAND LAC. — RETOUR DANS LE LAOS.


Le 25 décembre, nos barques étant enfin prêtes, nous partîmes de Bassac où nous laissions l’interprète Alexis ; il devait le lendemain même partir pour Pnom Penh par la route d’Angcor, pour essayer de faire diriger notre courrier sur ce dernier point. Une fois arrivé à Oubôn, je devais aller moi-même à Angcor prendre ce courrier si désiré, et ramener par la même occasion la partie de notre escorte devenue inutile ou compromettante.

Nous laissions d’excellents souvenirs dans la contrée où nous venions de faire un séjour de trois mois et demi. À notre visite d’adieu, le roi sut nous exprimer simplement et sincèrement les sympathies que nous avions inspirées. Aux deux médecins de l’expédition était due la meilleure part des remercîments qu’il nous adressa : ils avaient prodigué leurs soins à tous les malades et ils étaient parvenus à soulager bien des souffrances. Les bonzes, dont ils usurpaient le rôle, avaient dû s’avouer vaincus par la science européenne. La gratuité des secours accordés, la bonté témoignée en toute circonstance aux enfants et aux vieillards, avaient touché tout le monde ; aussi, à notre départ, auquel le roi lui-même voulut assister, toute la population accourut sur la rive, témoignant ses regrets et nous adressant ses vœux, et elle suivit longtemps du regard les barques qui emportaient les étrangers vers de plus lointains rivages.

Le temps s’était singulièrement rafraîchi depuis quelques semaines, et tandis que les Laotiens grelottaient le matin sous les couvertures de laine dont ils se couvraient les épaules, nous nous sentions tout ragaillardis par une température française de 10 à