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chure de cette rivière. Tonly Repou n’a plus aujourd’hui aucun grand centre de population. Il y a à peine 400 inscrits cambodgiens dans toute la province ; les Kouys forment le reste de la population. De nombreuses routes relient les bords du fleuve avec Compong Soai, Caker et Angcor ; mais le Stung Sen ou rivière de Compong Thom est difficile à traverser dans les parties hautes de son cours[1]. De Compong Cassang, je remontai la rivière de Tonly Repou jusqu’à l’extrémité ouest de Don Khmao et je rejoignis l’île de Khong par Don Hen et Don Coi. Toute cette région est excessivement habitée et cultivée. Le
groupe d’îles de don sai.
Les sondes sont rapportées au 22 novembre, époque à laquelle le fleuve avait baissé à Bassac de 8,50 m.
courant est très-fort et difficile à remonter dans le groupe d’îles qui s’étend entre Khong, la rive droite du fleuve, et Nam Kouap ; la profondeur, aux basses eaux, est très-faible dans toute cette zone qui se hérisse alors de bancs de roches ; au nord de l’embouchure du Tonly Repou, la profondeur moyenne du fleuve augmente et le courant diminue.

J’examinai également avec le plus grand soin le groupe d’îles de Don Sai, situé à mi-chemin entre Khong et Bassac. Dans la partie est, des coulées de lave et des roches volcaniques forment le sous-sol des îles et des bancs. La montagne de Phong Pho, qui s’élève vis-à-vis de ce groupe d’îles sur la rive gauche du fleuve, a été jadis sans doute un volcan en activité. Ses dernières assises se prolongent sous le lit du fleuve qu’elles rétrécissent brusquement et dont elles rejettent les eaux sur la rive droite. Aussi le courant s’accélère-t-il brusquement, et la profondeur du fleuve, qui est en moyenne de 7 à 8 mètres au-dessus et au-dessous de cet étranglement, devient-elle un instant très-considérable ; je ne trouvai pas de fond à 25 mètres.

Le 23 novembre, j’étais de retour à Bassac. Le commandant de Lagrée, qui était parti le même jour que moi pour l’excursion dont j’ai parlé plus haut, était encore absent. Je ne retrouvai au campement que MM. Delaporte et Thorel, qui savaient déjà par les reporters de la localité l’inutilité de ma tentative.

L’un des Français de notre escorte s’était livré à des actes d’inconduite et d’indiscipline qui avaient causé quelque émoi dans le village. M. Delaporte avait dû réclamer l’intervention du roi de Bassac. Le coupable était aux fers, gardé par des gens du pays. La

  1. Voy. la Carte générale de l’Indo-Chine, Atlas, 1re  partie, pl. II.