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RUINES DE WAT PHOU.

Dès le 21 septembre, la plupart des membres de la Commission allèrent visiter Wat Phou : c’est le nom des ruines qui nous avaient été signalées. Elles se trouvent à 7 ou 8 kilomètres dans le sud-ouest de Bassac, dans une situation admirablement choisie. Au pied d’un des sommets les plus élevés de la chaîne de Bassac, s’étend une pièce d’eau à revêtements en grès, de 600 mètres de longueur environ sur 200 de largeur, et dans laquelle nous reconnûmes immédiatement un de ces Sra qui précèdent presque toujours les monuments khmers (consultez la carte p. 184-5). Sur ses bords, règne une épaisse forêt qui recouvre uniformément toutes les pentes voisines ; à l’ouest, s’élève une terrasse d’où part une chaussée dallée, de 2 à 300 mètres de longueur, limitée de chaque côté par une série de bornes ou de colonnes à chapiteau pyramidal. Cette chaussée suit les mouvements du terrain et gravit les flancs de la montagne, tantôt par des pentes douces, tantôt par des séries d’escaliers. Elle se termine par un escalier très-haut et très-raide qui se compose de plus de cent cinquante marches et des deux côtés duquel sont des statues. L’une de ces statues, qui gît renversée sur le sol, représente, d’après la tradition, le roi qui a bâti Wat Phou. Au haut de l’escalier, est un sanctuaire en forme de croix, analogue à ceux que nous avions déjà trouvés à Angcor. Les encadrements des portes offrent des sculptures d’une admirable conservation, et quelques-unes sont égales à ce que l’art khmer a laissé de plus parfait ; mais d’autres portent des traces irrécusables de fatigue et de décadence. La voûte centrale du sanctuaire a environ une vingtaine de mètres de longueur ; elle est plus large d’ouverture que les voûtes latérales qui forment les bras de la croix. Aux environs du sanctuaire, sont des restes de constructions en briques. L’une d’elles et quelques parties du sanctuaire lui-même portent des traces de restauration moderne.


UNE BORNE DE LA CHAUSSÉE DE WAT PHOU.

Devant le sanctuaire, se trouve l’une de ces pierres plates, appelées Sema par les Cambodgiens, sur lesquelles il était d’usage de graver les inscriptions. Les caractères dont elle