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barrassé des rochers et des bouquets d’arbres qui l’obstruent entre Khon et Khong. Ses rives, très-peuplées et très-cultivées, nous offrirent partout des lieux de halte commodes et bien approvisionnés. Il fallut au début réprimer vigoureusement les tentatives de vol et de pillage de nos bateliers laotiens ; nous eûmes toutes les peines du monde à leur faire comprendre que nos usages ne permettaient pas de telles libertés vis-à-vis des habitants des villages où nous nous reposions ; ils objectèrent naïvement que chaque fois qu’un mandarin siamois traversait le pays, les hommes de son escorte, ou les bateliers qui l’accompagnaient, avaient le droit de prendre tout ce qui se trouvait


les montagnes de bassac, vue de l’île de deng.


à leur convenance, et il fallut passer des représentations aux menaces pour les convaincre que nous n’acceptions pas cette assimilation.

La direction du Cambodge était exactement le nord. Des deux côtés de ses rives, les collines que nous avions commencé à rencontrer à Khong s’élevaient graduellement en chaînes régulières et composaient des horizons plus variés. Au fond même de la longue perspective qu’offrait le cours du fleuve, se dessinait un groupe lointain de montagnes qui chaque jour prenait au-dessus de l’horizon des proportions plus considérables. Le cinquième jour après notre départ de Khong, nous commencions à parcourir l’immense