Page:Louis Delaporte - Voyage d'exploration en Indo-Chine, tome 1.djvu/210

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Parmi les îles des cataractes, deux seulement sont habitées, l’île de Khon et celle de Sdam. Toutes les autres sont recouvertes d’une épaisse forêt. D’après une vieille tradition, il n’y avait autrefois dans cette région que des rochers, et aucune île. Petit à petit la terre végétale s’est déposée, et elle atteint aujourd’hui, en certains endroits, une grande profondeur. L’existence de ce souvenir chez les habitants prouve avec quelle rapidité relative s’accomplissent dans ces régions tropicales les transformations de cette nature.

Nous partîmes de Khon le 25 août, à midi. Nous longeâmes la côte nord de l’île Det, le long de laquelle se détachent une série de petites îles, gracieux bouquets de verdure qui se réfléchissaient dans une eau redevenue calme. À l’extrémité de l’île Det, nous aperçûmes un instant la rive droite à une distance de 3 kilomètres environ, et nous traversâmes le bras du fleuve qui sépare Det de l’île Sohm. À partir de ce moment, nous


cataractes de khon : vue de la chute de don isom.


nous perdîmes dans un dédale d’îlots et de roches où notre navigation devint extrêmement lente. Le courant atteignit de nouveau de 4 à 5 nœuds de vitesse. Le soir, les berges des îles s’élevèrent, le bras du fleuve dans lequel nous étions engagés se nettoya un peu, nous nous trouvions entre les îles Nam Kouap et Beng ; nous nous arrêtâmes pour passer la nuit auprès d’une pagode située dans cette dernière île sur les bords du fleuve. Un bras excessivement étroit sépare Nam Kouap de la grande île de Khong ou de Sitandong[1], qui a donné son nom à la province dans laquelle nous nous trouvions.

La ligne continue de palmiers, de maisons, de jardins que présentent ses rives est du plus riant aspect. De petites chaînes de collines la traversent dans toute sa largeur et

  1. Ce dernier mot est le nom mythologique de la mer au milieu de laquelle s’élève le mont Méru ; on sait que, dans la cosmogonie bouddhique, cette montagne imaginaire forme le centre du monde.