quelques collines. C’est au travers de ce groupe d’îles et par vingt canaux différents que les eaux du fleuve, quelque temps retenues dans les sinuosités de leurs rives, se précipitent dans le tranquille bassin où elles viennent se confondre et s’apaiser. À l’extrémité ouest de ce bassin et sur la rive droite du fleuve, s’élève un groupe de montagnes. On sent que c’est là le point de départ de l’arête rocheuse qui est venue barrer si malencontreusement le cours du fleuve. En traversant le bassin, on aperçoit successivement à l’entrée de chaque bras des chutes d’eau, différentes d’aspect et de hauteur, qui ferment l’horizon de leur mobile rideau d’écume. Les eaux ne tombent point cependant partout en cascades. Dans quelques bras longs et sinueux, elles ont aplani l’obstacle et coulent en torrent. Ce sont là des passages dont profitent les indigènes pour faire passer leurs barques complètement allégées. Ces passages varient avec les saisons, et quelques-uns
restent complètement à sec pendant certains mois de l’année. Les deux canaux les plus
importants et les cataractes les plus belles se trouvent dans les deux bras extrêmes du
fleuve. Là, on voit des chutes d’eau de plus de 15 mètres de hauteur verticale et
d’une longueur qui atteint parfois un kilomètre. La ligne des cataractes atteint, décomposée
en plusieurs tronçons, un développement total de 12 à 13 kilomètres. Au-dessus,
le fleuve se rétrécit un instant jusqu’à ne plus mesurer que la moitié de cette
dimension ; puis il s’épanouit de nouveau sur l’immense plateau de roches qui précède
les chutes en se perdant au milieu d’îles sans nombre et en embrassant entre ses deux
rives un espace de près de cinq lieues ! Tout, dans ce gigantesque paysage, respire une
force et revêt des proportions écrasantes. Cette grandeur n’exclut pas la grâce : la végétation
qui recouvre partout le rocher et vient se suspendre jusqu’au-dessus des cascades,
adoucit l’effrayant aspect de certaines parties du tableau par d’heureux et saisissants