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intermédiaire entre Stung Treng et Attopeu, et située à vingt lieues environ du premier de ces deux points. Il pensait que cette partie de la rivière pourrait être très-facilement rendue navigable à l’aide de quelques travaux. À la première bifurcation du Se Cong, il avait rencontré quelques ruines analogues à celles qui se trouvent à la pointe de Stung Treng. Dès son retour, il demanda au gouverneur les barques et les hommes que les lettres de Bankok ordonnaient de nous fournir en échange d’une rémunération suffisante. Ces barques devaient nous conduire jusqu’aux cataractes de Khon ; là, un transbordement devait avoir lieu, et des barques de la province suivante devaient venir nous chercher. Ces cataractes de Khon nous étaient signalées comme le plus grand obstacle à la navigabilité du fleuve, et nous étions impatients d’en juger de visu.

Pendant que le gouverneur expédiait des ordres aux différents villages pour réunir les moyens de transport qui nous étaient nécessaires, M. de Lagrée essayait par tous les


navigation dans la forêt.


moyens d’attirer à lui les anciens du pays, pour en obtenir tous les renseignements possibles sur la partie de la vallée du fleuve vers laquelle nous nous dirigions. Il dressait ainsi une espèce de carte provisoire à l’aide de laquelle il réglait nos étapes, calculait la quantité de vivres qu’il était indispensable d’emporter, tâchait en un mot de pourvoir à toutes les éventualités, à tous les besoins, avec une sollicitude minutieuse et un sens pratique que l’on rencontre bien rarement à un degré aussi développé chez un chef d’expédition. Il s’informait également avec soin de tout ce qui se rapportait à l’histoire, à l’administration, à la politique du pays. Les indications vagues, les renseignements souvent contradictoires qu’il recueillait dans ses conversations avec les indigènes témoignaient à la fois une grande ignorance et une défiance extrême ; mais, en pays inconnu, les moindres données ont une importance énorme. Leur discussion fournissait un élément à nos causeries et un stimulant à nos imaginations. Malgré les pluies qui étaient torrentielles et produisaient parfois en une nuit des crues de plus d’un

    existe dans le tracé de cet affluent du Cambodge entre Attopeu et Sieng Pang. Sa carte m’a été communiquée trop tard pour que je pusse m’en servir.