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ment en ce point que se réfugièrent Prea Borom Reachea et ses deux fils, après la prise de Lovec par Phra Chao Naret (1594). Les rois de Vien Chan profitèrent des troubles qui suivirent pour s’emparer de Stung Treng, qui depuis a passé, en même temps que tout le reste du Laos, sous la domination de Siam. Mais cette conquête semble n’avoir jamais été reconnue par le Cambodge, car Stung Treng figure encore aujourd’hui sur la liste officielle de ses provinces. Il y a encore quelques villages cambodgiens disséminés dans la vallée du Se Cong.

Malgré sa proximité du Cambodge, Stung Treng n’avait été visité dans ces derniers temps que par le sieur Lef… et les missionnaires Cordier, Bouillevaux et Beuret. Celui-ci y était mort au mois de septembre 1852 et avait été enterré sur la rive du fleuve. Cet événement et le peu de sympathie religieuse que rencontrèrent les prédications de ses


ruines à la pointe de stung treng.


confrères firent abandonner ce commencement de mission au Laos ; ce pays revêtit, à partir de ce moment, un caractère légendaire d’insalubrité et de mortalité que la mort de Mouhot vint malheureusement confirmer.

Le village même de Stung Treng peut contenir environ huit cents habitants, tous laotiens. La province dont il est le chef-lieu s’étend tout entière sur la rive gauche du Cambodge. Stung Treng est l’intermédiaire commercial entre Pnom Penh et Attopeu, centre assez considérable, situé dans le haut de la rivière, et le dernier point qui à l’est relève de Bankok. Attopeu est le lieu d’une production de poudre d’or autrefois importante, aujourd’hui presque nulle. De nombreuses tribus sauvages, dont quelques-unes, les Proons, sont réputées très-cruelles, habitent les régions montagneuses qui circonscrivent la vallée du Se Cong, et surtout la zone comprise entre cet affluent du grand fleuve et la grande chaîne de Cochinchine.