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Le 7 juillet, à midi, tous nos préparatifs étant entièrement terminés, la canonnière 27, sur laquelle se trouvaient tout le personnel et tout le matériel de l’expédition, et la canonnière 32, commandée par M. Pottier, appareillèrent en même temps de la rade de Pnom Penh. Ce n’avait pas été sans peine que notre interprète cambodgien, Alexis Om, s’était décidé au dernier moment à nous accompagner. Les supplications de sa famille, les récits effrayants que lui faisaient ses compatriotes sur les pays inconnus vers lesquels nous voulions l’entraîner, avaient ébranlé sa résolution, et le commandant de Lagrée sentit, dès ce moment, qu’il ne fallait pas espérer l’emmener bien loin. Heureusement un Laotien, nommé Arovi ou Alévi, du nom de la province lointaine dont il était originaire, qui s’était fixé au Cambodge depuis plusieurs années, consentit à reprendre la vie errante qu’il avait menée jadis et à nous suivre comme interprète. Le commandant de Lagrée pouvait converser facilement avec lui en langue cambodgienne et la connaissance qu’avait Alévi des usages des pays que nous allions traverser devait nous être de la plus grande utilité.


départ de pnom penh.


M. Pottier fit route avec nous pendant quelque temps afin de témoigner jusqu’au bout ses sympathies et sa déférence pour son prédécesseur au Cambodge. À une certaine distance de la pointe de la Douane, les deux canonnières se séparèrent après un salut de quatre coups de canon fait par la canonnière 32. Les pavillons s’abaissèrent en signe de dernier adieu ; les deux équipages poussèrent en même temps le cri de : Vive le commandant de Lagrée ! Quelques instants après, nous voguions seuls sur l’immense fleuve.

Le lendemain matin, de très-bonne heure, nous laissâmes sur notre gauche le groupe d’îles de Sutin, au delà duquel se dessine la croupe de Pnom Bachey. Ces îles sont fort importantes par leur production en coton. Après un court arrêt à Phoum Tchelong, la canonnière 27 arriva le 9 juillet devant Cratieh, village cambodgien situé sur la rive gauche du fleuve. À son extrémité sud se trouve une résidence royale dans laquelle nous nous installâmes, en attendant que les barques demandées au gouverneur de la province de Samboc-Sombor fussent prêtes pour la continuation de notre voyage. Nous nous trouvions près des rapides de Sombor et à l’extrême limite des reconnaissances hydrographiques tentées