Page:Louis Delaporte - Voyage d'exploration en Indo-Chine, tome 1.djvu/184

Cette page a été validée par deux contributeurs.


une rue à compong luong.

VI

RETOUR À COMPONG LUONG. — DÉPART DU CAMBODGE. ASCENSION DU GRAND FLEUVE. — LES PREMIERS RAPIDES. — STUNG TRENG. — KHONG. — BASSAC.

Nous ne fîmes qu’un court séjour à Angcor, malgré notre curiosité et tout ce qu’il restait encore à y découvrir. Ces visites à des ruines dont la grandeur et la puissante originalité dépassaient tout ce que l’imagination la plus féconde et les récits les plus merveilleux avaient pu faire pressentir, avaient un charme qui éloignait la fatigue et défiait la satiété. La magnifique végétation tropicale qui servait de décor à ces imposants monuments donnait quelque chose de féerique à leur apparition subite au milieu de la forêt, et l’inconnu du passé dont ils évoquaient soudainement la mémoire ouvrait à la fantaisie le champ le plus vaste où elle put promener ses rêves de civilisation. Il y a, à cette recherche de l’antique encore inexploré, je ne sais quelle vive jouissance que ne connaissent pas les touristes européens. Au lieu de parcourir des endroits cent fois décrits à la suite d’un cicerone bavard, être soi-même son guide, découvrir sous les herbes, ici une frise sculptée, plus loin un soubassement, chercher à reconstruire un édifice détruit et à le relier aux