Page:Louis Delaporte - Voyage d'exploration en Indo-Chine, tome 1.djvu/183

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Cambodge ; un résident français fut placé à Compong Luong pour servir d’intermédiaire entre le roi et le gouverneur de Cochinchine. Le frère du roi, le Prea keo fea, dut résider à Saïgon sous la surveillance de l’autorité française, afin d’éviter toute tentative nouvelle de guerre civile. Pou Kombo fut également interné dans la même ville. Malheureusement, une imprudence permit à Pou Kombo de s’évader au mois d’avril 1866, et une rébellion nouvelle allait agiter le pays, rébellion dont la commission d’exploration française devait ressentir le contre-coup.

    ronné. Les Annamites affaiblis rendirent les provinces du Cambodge. De leur côté, les Cambodgiens rendirent ce qu’ils avaient pris et la paix fut établie. Le roi d’Annam exigea un tribut triennal. »

    « Le roi de Siam, Nang Clao, établit Ang Duong à Oudong et envoya un mandarin pour le couronner roi du Cambodge. Ang Duong lui envoya un tribut annuel et aussi des indemnités pour les services rendus. »

    « Ang Duong envoya un ambassadeur à la cour de Hué pour porter le tribut, et le roi de Hué lui donna un titre et un cachet. »

    « Ang Duong envoya à Bankok son fils Chea Vodey, pour y apprendre le gouvernement des peuples. Il envoya ensuite son second et son troisième fils. Il demanda, pour Chea Vodey, le titre d’Obbarach, et pour son second fils celui de Prea keo fea, et il voulut les avoir au Cambodge. Il fut fait comme il le demandait. »

    « Ang Duong étant mort, le roi de Siam adressa une lettre à l’Obbarach, pour qu’il gouvernât le Cambodge. L’Obbarach n’a pas encore été couronné. Les autres provinces se sont révoltées contre Oudong. Les peuples étaient partagés et la guerre a eu lieu partout. L’Obbarach, ne pouvant vaincre seul, vint avec ses grands mandarins à Bankok et demanda des soldats au roi de Siam. Celui ci envoya Montrey Sorivong avec des soldats pour ramener Obbarach à Oudong et le rétablir dans son gouvernement. Il envoya aussi Chao Koun Darat et son frère au Cambodge pour apaiser la révolte.

    « Il y a neuf ans, l’empereur des Français a envoyé un ambassadeur à Siam pour faire un traité de commerce et de paix. Les Français ont voulu ensuite faire un traité avec les Annamites, et, sur le refus de ceux-ci, ils ont fait la guerre. Ils ont pris Saïgon et les provinces de l’ouest. Les Annamites ont accepté un traité. »

    « En raison du voisinage du Cambodge, l’amiral français a jugé qu’il y avait lieu de faire un traité avec ce pays pour les avantages du commerce. Il l’a demandé. L’Obbarach et ses mandarins, ainsi que le frère de Chao Koun Darat, ont résolu d’accepter le traité. L’amiral l’a envoyé à Paris, et l’Empereur l’a approuvé et signé. On a reçu à Siam une lettre du ministre de France dans laquelle il est dit que la France veut le bien du Cambodge et continuer à vivre en paix et amitié avec Siam. »

    « L’empereur des Français et le roi de Siam admettent que Ang Chan, l’oncle de l’Obbarach, et Ang Duong, son père, ont reçu la couronne du roi de Siam ; qu’ils ont reçu un titre du roi annamite et payé le tribut des deux côtés ; mais il n’y avait pas amitié entre les Annamites et Siam. »

    « Maintenant Siam et la France sont en paix. Les Français sont devenus maîtres du pays annamite et voisins du Cambodge qui ne paye plus le tribut à Hué. Le roi du Cambodge a demandé que Siam envoyât un mandarin d’un ordre élevé pour le couronner avec un mandarin français. L’empereur des Français et le roi de Siam, qui sont en ce moment en très-bonne amitié, font couronner le roi du Cambodge parce qu’ils sont voisins de ce royaume et désirent qu’il soit tranquille. Le Cambodge est placé entre deux grandes nations. Il est accoutumé à suivre les traditions de Siam. La France est en paix avec Siam. Rien ne peut donc la blesser en cette circonstance. »

    « Le roi de Siam a trouvé cela bien et a fait dire au roi du Cambodge qu’on le couronnerait ainsi qu’il avait été décidé avec l’envoyé français. Il a envoyé les insignes de la royauté, les mêmes que pour son père. Il a désigné à cet effet Montrey Sorivong, frère du Kralahom, qui est de sa propre famille. Ce mandarin a l’habitude des choses politiques. Il a été ambassadeur auprès de la reine Victoria, et, à son retour, il a eu l’honneur de voir l’Empereur. Il est aussi l’ami du roi, qu’il a conduit autrefois jusqu’à Oudong. C’est pour cela qu’il l’a envoyé pour apporter les insignes de la royauté et les présents d’usage… »

    « Le roi demande que les esprits célestes et celui qui, ayant tout pouvoir dans le ciel, a jusqu’à présent protégé Siam et le Cambodge, aide encore et conserve le Cambodge et protège son roi… »

    « Moi qui ai reçu les ordres du roi de Siam (suivent les titres), j’invite le roi Obbarach à recevoir la couronne et tous les insignes de la royauté. Et alors il sera roi du Cambodge pour gouverner les peuples suivant les coutumes et suivant les lois de la religion »