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III
PRÉFACE.

cor qui ont attiré depuis peu d’années l’attention des orientalistes, et j’ai naturellement placé au début du livre l’étude de M. de Lagrée sur les monuments cambodgiens. Elle occupe les chapitres III et IV. J’ai dû combler quelques lacunes et donner plus d’unité à l’exposition, mais j’ai toujours respecté, même quand je ne les ai pas partagées, les opinions de l’auteur. Les archéologues liront sans doute avec intérêt et profit ce travail approfondi et consciencieux.

Je n’ai pu résister à la tentation de joindre à la description des monuments d’Ancor un Essai historique sur le peuple qui les a construits. Je n’ai malheureusement pas réussi à dissiper les obscurités dont les origines des Khmers restent enveloppées. Peut-être eût-il mieux valu ne pas chercher à résoudre un problème historique trop difficile et trop ardu. L’immense intérêt qui s’attache à de pareilles études m’excuse de les avoir entreprises, et je conviens volontiers que les résultats que j’ai obtenus ne répondent pas aux efforts qu’ils m’ont coûtés.

Dans l’exposition du reste du voyage, j’ai continué à rejeter dans des chapitres séparés[1], ou des paragraphes spéciaux, les études d’ensemble sur l’histoire, les mœurs, la législation, le commerce des différentes contrées traversées ; mais j’ai cru devoir faire entrer les renseignements géographiques et ethnographiques dans le cadre même du récit. S’il est toujours avantageux, pour les contrées dont l’étude est déjà avancée, de réunir ces renseignements en un corps de doctrine, il est dangereux de le faire dans une région aussi peu connue que l’Indo-Chine. En séparant les faits de cet ordre du paysage auquel ils se rapportent, ou des circonstances pendant lesquelles ils ont été observés, on s’expose à en dénaturer la portée et à échafauder des théories qui se trouvent démenties le lendemain.

Enfin, dans un dernier chapitre, j’ai essayé de poser les prémisses de la politique française dans l’extrême Orient. Il paraîtra peut-être présomptueux d’avoir osé exprimer aussi vivement des opinions toutes personnelles et qui n’ont d’autre autorité que celle qu’elles empruntent à un séjour de quelques années dans ces lointains parages. Inspirées par mon dévouement au pays, on leur reconnaîtra au moins le mérite de la sincérité et du désintéressement.

Le premier volume se termine par un appendice contenant quelques documents curieux et les pièces les plus intéressantes de la correspondance du voyage.

Le second volume est exclusivement consacré aux observations scientifiques et aux travaux spéciaux de la Commission d’exploration. La Géologie et la Minéralogie y ont été traitées par M. le docteur Joubert ; l’Anthropologie, l’Agriculture et l’Horticulture, par M. le docteur Thorel. Mon interprète chinois, M. Thomas Ko, y a donné la traduction

  1. Voy. notamment les chapitres VIII, XV, XVIII et XX.