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Ces jeunes gens, ces jeunes filles, ces simples, ces nombreux demi-malades qui ressortissent à la psychiatrie sont semblables à des enfants. Comme les enfants, ils sont, faute d’entraînement, incapables d’inhibition ; ils sont, faute de culture, insensibles à ce que nous appelons le goût, le style, l’art ; ils sont surtout mal, préparés à discerner, dans les œuvres où la beauté s’allie à l’audace, ce qui dégrade l’esprit, d’avec ce qui, malgré tout, le nourrit et l’élève.

Comme les enfants, ce qu’ils choisissent, ce n’est jamais le meilleur, c’est presque toujours le pire. Dans toutes leurs opérations intellectuelles, ils ressemblent à des enfants. C’est donc comme des enfants que devraient, à mon avis, les traiter, ceux


    raucourt, quand il disait au Congrès du livre de 1917 : « Ce qui m’occupe, c’est la foule, et surtout l’embryon de la foule future, ces deux géants si frêles, ces deux colosses si redoutables et si faibles, que leur caractère impulsif tient en état constant de réceptivité pour le mal endémique : l’enfant et l’homme-enfant.
    « Ce sont ceux-là qu’il faut protéger par les lois, parce qu’ils ne trouvent en eux qu’une défense insuffisante contre eux-mêmes, et une défense plus insuffisante encore contre les tentateurs qui font métier de réveiller la bête.
    « Le petit enfant ne pense que par l’image. L’homme-enfant continue et il ne pense que par l’imagination. Ne pourrait-on pas dire que l’imagination est la pensée de l’instinct ».