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pensent à dissuader les familles de lire certains livres immorafux ou malfaisants ; jamais ou presque jamais, ils ne se placent en face des devoirs de la famille, des droits de la famille, du droit au respect que Juvénal exigeait pour l’enfance et que nous requèrons pour toutes les âmes.

Au contraire, se trouvent-ils en présence d’un ouvrage scabreux ou d’un spectacle licencieux, ils en font l’éloge en termes choisis, mesurés, raffinés, laissent entendre que l’art justifie tout, et que l’auteur sait revêtir l’audace de ses tableaux de tant de charmes que tout l’ouvrage s’en trouve ennobli et sanctifié.

En un mot, l’on dirait que les critiques s’adressent exclusivement à des païens de la décadence, à des pantins ou à des marionnettes dont il faut endormir les consciences et exciter les désirs, à des automates oiseux, à des esthètes dépourvus d’âmes, de dignité morale et de responsabilité, pour qui la vie est une noce permanente, la lecture un chatouillement de l’esprit ou des sens, en encore une servante complice de l’oisiveté mère de tous les vices. Les familles sont induites en erreur ; elles ne sont pas renseignées. Ou elles ne possèdent guère, pour les guider dans la vie intellectuelle qui, elle aussi, est un combat, que des bergers marrons qui leur ferment les yeux et désarment leurs bras.