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ment du théâtre, écrit Alexandre Dumas fils, c’est l’émotion qui en est le but. C’est donc la Femme qui en est le principe. Sans elle, pas d’amour et pas d’émotion… Elle est la divinité du lieu, et, de sa loge ou de sa stalle, belle, fière, triomphante, calme, entourée, adulée, elle assiste à ces hécatombes humaines.

« Voulons-nous par hasard, peindre une coquine ? Nous ne le pouvons faire qu’à la condition de la présenter aussi séduisante, aussi excusée que possible. C’est toujours la faute de l’Homme si elle est ainsi. C’est le mari qui est vieux, laid, bête, libertin, joueur, infidèle, ennuyeux, insupportable ; c’est un homme qui l’a entraînée, séduite, abandonnée ; enfin, c’est la Société, c’est le Code, ce sont les mœurs qui sont en faute, mais non pas elle. Et comme elle a des remords ! et comme elle pleure ! et comme elle aime ! Après quelles luttes et avec quelle grâce elle tombe ! Pauvre femme incomprise ! pauvre ange déchu ! comme ses ailes repoussent à la fin du drame ! comme on lui pardonne ! comme on la plaint !

« Voyez la Marguerite de Goethe ! Est-elle restée assez sympathique et immaculée dans l’imagination des hommes, cette gaillarde qui s’éprend à première vue, qui se donne pour un collier, et qui tue son enfant ! Où est la vierge, où est l’épouse, où est l’amante, où est la mère dans tout cela ? N’importe, elle souf-