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court. Aussi bien, il faudra bien un jour écrire un volume sur la littérature amie de la famille.

Affirmons ici, et dès l’abord, que cette littérature existe ; qu’elle prospère, qu’elle groupe des noms glorieux et des œuvres de prix, et qu’elle n’attend pour prévaloir, pour primer, pour régner et gouverner, que l’appui de ses bénéficiaires et de ses protecteurs naturels.

Au cours de la mission Champlain qui parcourut en 1912, quelques parties des États-Unis et du Canada, M. René Bazin, de l’Académie française prononça, à l’Université Laval, de Québec, un discours pour « la défense du roman français ». Entre autres choses, il disait :

« Nous avons toujours eu, parmi nous, des esprits qui ont mis dans les œuvres romanesques cette part de nos préoccupations présentes, des problèmes éternels ou passagers, qui fait que nous connaissons mieux, en lisant l’œuvre, le monde où nous vivons, et qu’il nous reste de la lecture autre chose qu’une émotion : une idée. Pas de thèses, mais des idées, car la vie en est pleine, et elle est enseignante ; pas de thèse, mais des fenêtres ouvertes sur le vaste monde et sur le ciel ; pas de thèse, mais, à côté de l’amour, ou dans l’amour même, un idéal supérieur à la passion, une loi qui rehausse, une direction,