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écrire enfin aux auteurs eux-mêmes, pour les avertir et les corriger[1] ; etc., etc.

Agir, c’est dénoncer. Dénoncer, non pas un malfaiteur obscur, ni un livre inconnu ou peu répandu, ni une feuille au tirage dérisoire : ce serait leur faire trop d’honneur et leur donner crédit auprès d’un pu-

  1. Voici la leçon que faisait un jour aux écrivains (dans Comœdia, 27 mars 1921), un romancier connu, M. Binet-Valmer :
    « Il n’est pas d’époque plus difficile pour l’artiste. Au temps du grand siècle, nos maîtres écrivaient pour des publics divers, et leurs drames ou leurs comédies avaient un autre ton, quand ils devaient être représentés devant les pupilles de Madame de Maintenon ou devant les délicats de la Cour. Aujourd’hui, mes confrères, nous avons le choix entre deux publics : les grossiers métèques dont il faut chatouiller la sensualité fatiguée, et le peuple de France où quinze cent mille familles sont en deuil et pensent à celui qui est mort au champ d’honneur. Il faut choisir…
    « La plupart d’entre vous, les meilleurs d’entre vous, n’écrivent pas pour gagner de l’argent. Ils écrivent pour avoir du succès. Eh ! il faut choisir ; succès parmi la population faisandée des métèques, succès sonore et malodorant ; succès parmi les femmes et les hommes de France, succès de bon aloi…
    « Mes confrères, vous êtes à la tête d’une armée dont vous avez à répondre devant l’Europe. Tous les écrivains de France sont des chefs. »