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glisser sur les poèmes sublimes et douloureux, le sourire, équivoque autant qu’incompréhensif, des collégiens, des midinettes et des garçons bouchers, qui achètent son chef-d’œuvre dans les gares du métro, en même temps que Froufrou et que Le Canard enchaîné ?

« J’imagine mal comment on peut être attaché à une liberté, même à celle d’écrire, mais où voyez-vous que cette liberté puisse être restreinte ? Les fous eux-mêmes n’en sont point privés. J’ai dans ma bibliothèque de pathétiques ouvrages composés dans des asiles par de malheureux déments. Ils ont eu toute licence de les griffonner et il est probable qu’au cas où un éditeur les publierait, ces divagations remporteraient un succès considérable — d’autant plus qu’elles sont ornées de dessins qui, pour être sommaires, n’en sont pas moins significatifs et dissipent tout à fait l’obscurité partielle du texte.

« Une bonne censure nous devrait d’interdire cette publication, car la folie est contagieuse, mais elle ne saurait s’opposer à ce que les fous écrivent du matin au soir des choses vagues et dessinent du soir au matin des choses un peu moins vagues.

« Les pharmaciens fabriquent et détiennent toutes sortes de poisons. L’art médical ne souffre pas du fait qu’ils n’ont le droit de les vendre qu’à de certaines conditions.