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Stendhal, Balzac, tirent d’autant plus puissants effets de leur retenue même. Ce dernier sut décrire les pires égarements de telle sorte que l’homme très averti seul peut comprendre ; l’écrivain digne de ce nom doit savoir tout dire : Nonobstant interdisait-il à ses nièces la lecture de ses romans.

Et parler de censure est une autre baliverne : il est toujours une censure, dont l’autorité se borne à homologuer les décrets. Aux époques normales elle est exercée par ce que Molière dénommait « les honnêtes gens » ; en démocratie, elle l’est par la canaille.

« L’écrivain digne de ce nom se fait son propre censeur : avant le grand Balzac, le grand Corneille l’avait exprimé. Que l’art soit un sacerdoce, certes ; ainsi toute profession. Mais, si l’artiste, si l’écrivain revendique qu’on le tienne pour une manière de saint, qu’il tâche en son art d’acquérir quelques-unes des vertus du saint, et d’abord la bonne tenue.

« On n’est pas autorisé à s’exhiber tout nu par les rues sous prétexte qu’on se pense beau garçon, à mettre le feu à la ville sous prétexte de la régénérer, à publier des écrits démoralisants sous prétexte de glorifier la morale, l’art ou de sauver l’humanité. (Fagus, Réponse à l’Enquête des Marges sur « La Liberté d’écrire », Les Marges, 15 février 1923, p. 122.)

Dans sa réponse à la même enquête, M. René Fau-