Page:Louis Bethléem - La littérature ennemie de la famille, Librairie Bloud & Gay, 1923.djvu/102

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Serait-ce trop demander à la société des Gens de lettres que d’exclure de ses rangs pareils malfaiteurs, à la chancellerie de la Légion d’honneur de rejeter leurs dossiers, lorsque leur nom est proposé ; à la Société des honnêtes gens, de refuser d’acheter le journal qui les admet parmi ses collaborateurs, et de boycotter impitoyablement, et pendant plusieurs années, le théâtre qui a commis le crime de monter une pièce licencieuse et corruptrice des moeurs ? »

Il semble que de proposer des mesures pareilles revient à demander le rétablissement de la censure. Et la censure est réputée odieuse et inopérante.

Mais en réalité, il s’agit moins de la censure que d’une censure. Et une censure est nécessaire. Deux écrivains vont nous expliquer comment on la peut légitimer et concevoir.

Voici ce qu’écrivait récemment Fagus :

« L’écrivain ? en vertu de quel privilège l’écrivain se verra-t -il soustrait à la loi générale de nécessité, sans laquelle la Cité ne subsiste plus ? L’autre fou, Jean-Jacques Rousseau, a par ses écrits allumé mille fois plus d’incendies que Néron.

« La prétendue antinomie entre l’art et la morale est baliverne, ou bien hypocrisie. Une faute contre l’une est toujours et nécessairement une faute contre l’autre. L’écrivain s’en trouve-t-il gêné ? Nullement